Mali : l’attentat de Tessalit revendiqué par un groupe proche d’Aqmi
L’assaut mené mercredi par des jihadistes contre des positions de l’armée tchadienne à Tessalit, qui a fait au moins trois morts et plusieurs blessés, a été revendiqué par Sultan Ould Bady, chef d’un petit groupe islamiste radical lié à Aqmi. Cet attentat est le dernier d’une série d’attaques terroristes en cours dans le vaste Nord malien depuis près de trois semaines.
L’attaque menée par des jihadistes contre des soldats tchadiens, mercredi 23 octobre, à Tessalit, dans l’extrême-nord du Mali, a été meurtrière. Le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a fait état de "deux morts et six blessés dont deux graves" parmi le contingent tchadien de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) ainsi que d’un enfant tué. À N’Djamena, l’armée tchadienne a confirmé, sans plus de précisions, le bilan de soldats tchadiens tués et blessés.
Selon un responsable de l’armée malienne, l’assaut des islamistes radicaux a été violent, combinant explosion de voiture piégée et tirs à l’arme lourde.
Ce nouvel attentat a été revendiquée auprès de l’AFP par Sultan Ould Bady, chef d’un petit groupe jihadiste lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et ancien proche de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, un des chefs les plus radicaux d’Aqmi tué lors de l’intervention militaire franco-africaine de l’hiver dernier.
Des attaques jihadistes en série
Selon le communiqué du ministre malien de la Défense, mercredi, "vers 10h00 (locales et GMT), une attaque kamikaze a visé le contingent tchadien de la Minusma à un check-point dans la ville de Tessalit", près de la frontière algérienne. "L’attaque a été perpétrée par quatre terroristes à bord d’un véhicule bourré d’explosifs. Les kamikazes ont tous été tués", précise le texte.
Des échanges de tirs entre jihadistes et soldats tchadiens ont ensuite suivi l’attaque. Mais, selon le responsable de l’armée malienne précédemment cité, "les jihadistes n’ont pas pu prendre les positions de l’armée tchadienne". De même source, tous les blessés civils et militaires ont été pris en charge et évacués à Gao par la force Serval, l’opération militaire française au Mali, qui a mis un avion à disposition.
Malgré la présence de milliers de soldats français et africains depuis janvier dans le Nord du Mali pour les traquer, c’est la troisième attaque meurtrière menée depuis fin septembre par des jihadistes dans cette vaste zone qu’ils ont occupée pendant neuf mois en 2012.
Ce nouvel attentat intervient deux semaines après des tirs à l’arme lourde sur Gao, qui avait tué un soldat malien et endommagé plusieurs bâtiments. Le 28 septembre, un attentat suicide à Tombouctou (nord-ouest) avait tué deux civils et quatre kamikazes et blessé sept soldats maliens. Les tirs sur Gao avaient été revendiqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et l’attentat de Tombouctou par Aqmi.
Vers un renforcement de la Minusma ?
L’attaque de Tessalit survient surtout un mois avant le premier tour des législatives maliennes, prévu le 24 novembre, et pose la question du renforcement de la mission de l’ONU au Mali, la Minusma. La force onusienne, qui compte actuellement 6 000 hommes, doit passer à plus de 12 000 d’ici la fin de l’année. De son côté, la France a prévu de réduire le nombre de ses soldats de 3 000 à un millier d’ici fin janvier 2014.
Le président de la commission de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Kadré Désiré Ouédraogo, a plaidé mercredi pour que les pays membres de cette organisation envoient des renforts. Un sommet des chefs d’État ouest-africains est prévu vendredi à Dakar.
À New York, l’ONU a de son côté affirmé que cette attaque "n’altèrera pas" sa détermination "à soutenir le rétablissement de la sécurité, de la stabilité et d’une paix durable au Mali". Dans une déclaration adoptée à l’unanimité, les 15 pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies "condamnent dans les termes les plus fermes possibles" l’attentat à Tessalit et réaffirment leur "plein soutien à la Mission de l’ONU au Mali et aux forces françaises qui la soutiennent".
L’armée tchadienne en première ligne
De toutes les armées africaines présentes au Mali, désormais intégrées à la Minusma, celle du Tchad a été en première ligne au côté de l’armée française dans la traque des jihadistes, en particulier dans le massif des Ifoghas (extrême nord-est). Elle a payé un lourd tribut, avec une quarantaine de soldats tués.
Le 16 septembre, 160 d’entre eux avaient quitté sans autorisation leur base de Tessalit pour protester contre le non-paiement de leur solde, certains affirmant n’avoir rien perçu depuis plusieurs mois.
(Avec AFP)
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