Présidentielle à Madagascar : les ombres de Rajoelina et Ravalomanana
L’actuel homme fort du pays, Andry Rajoelina, et l’ancien président, Marc Ravalomanana, ne participent pas à la présidentielle de vendredi. Mais leur influence sur le scrutin reste déterminante.
Ils ont beau avoir été privés de scrutin, l’ombre de l’actuel homme fort de Madagascar Andry Rajoelina et celle de l’ancien président Marc Ravalomanana planent sur l’élection présidentielle qui aura lieu vendredi 25 octobre.
Les deux principaux protagonistes de la crise malgache ont leurs favoris parmi les 33 candidats en lice. Faute de pouvoir présenter son épouse Lalao à sa place, Marc Ravalomanana a adoubé le médecin Robinson Jean Louis, tandis que trois candidats sont directement issus du TGV, le parti d’Andry Rajoelina.
Parmi eux, Hery Rajaonarimampianona semble avoir la faveur du président sortant. "On a l’impression que ceux qu’on voit ne sont que des pions", note Sophie Moreau, spécialiste de Madagascar à l’université de Paris-Marne la Vallée. "Après, la question est: qui est le cavalier de qui ?"
Généreux donateurs
Rajoelina et Ravalomanana ne sont pas les seuls à vouloir influencer l’élection. Le cas des fonds de campagne est particulièrement révélateur. Lors d’un débat télévisé vendredi, Hery Rajaonarimampianona a affirmé que des dons lui sont parvenus dès qu’il a annoncé qu’il se présentait. "Ce sont des aides en provenance de partout dans le monde", a-t-il précisé.
L’ancien général Camille Vital, lui aussi candidat issu du camp Rajoelina, a affirmé qu’"un ami" lui a fait don de 350 voitures tout-terrain. "Que vous le croyiez ou pas, c’est votre affaire. Pour moi c’est clair, ce sont des cadeaux qu’on m’a offerts", a-t-il dit lors du même débat. Un ami à l’étranger lui a proposé des dons pour réaliser son programme, a-t-il ajouté.
L’ancien président Didier Ratsiraka, qui n’a pas pu se présenter, a récemment annoncé qu’un généreux donateur désintéressé était prêt à offrir 10 milliards de dollars à Madagascar si les élections étaient reportées. Mais ni lui ni les candidats au scrutin du 25 octobre n’ont voulu en dire plus sur l’identité des donateurs.
Opérateurs économiques
Le Premier ministre de consensus, Jean Omer Beriziky, s’est récemment ému de l’importance des sommes en jeu : "Il est très difficile pour moi de dire d’où viennent ces sommes qui sont déversées dans la campagne mais, vis-à-vis de la pauvreté de la population, c’est un scandale !", a-t-il déclaré sur RFI.
Pour le politologue Jean Eric Rakotoarisoa, des multinationales "peuvent être à l’origine de certains fonds des campagnes : on suppose que des compagnies minières financent certains candidats. L’un des enjeux – et certains candidats l’ont déjà évoqué -, c’est la demande de renégociation des contrats miniers".
"Ce sont les opérateurs économiques qui financent dans l’ombre une partie des candidats", renchérit l’analyste Ketakandriana Rafitoson.
Quid des intérêts de l’armée, qui avait lâché Marc Ravalomanana en 2009, précipitant sa chute ? De nombreux hauts gradés se sont enrichis ces quatre dernières années et ne verraient pas d’un bon oeil un retour de l’ancien président, selon des analystes.
"Sur les 33 candidats, il y a une dizaine de personnalités au maximum qui se dégagent. Il est certain que l’armée a pu contracter des ‘deals’ avec eux, avec n’importe lequel ou laquelle d’entre eux pour tirer leur épingle du jeu", estime Ketakandriana Rafitoson.
Jean Eric Rakotoarisoa se veut lui rassurant : "À ma connaissance, les forces de l’ordre assurent la régularité et la sécurité de l’élection. Je crois qu’elles sont quand même conscientes de l’enjeu. (…) Je pense que les chefs de l’armée vont respecter le choix du peuple".
(Avec AFP)
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