Deux ans après la chute de Kadhafi, les Libyens font grise mine
La Libye a célébré sans faste ni enthousiasme, mercredi, le deuxième anniversaire de la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Deux ans après la révolution, le pays est plongé dans une transition chaotique émaillée de violences et de problèmes sécuritaires.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Deux ans après la chute de Mouammar Kadhafi, aucun programme officiel de festivités n’était prévu pour marquer "la libération du pays" de l’ancien régime annoncée le 23 octobre 2011, trois jours après la mort de l’ancien "Guide" près de sa ville natale de Syrte (centre).
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Le gouvernement s’est contenté, mardi 22 octobre, de féliciter le peuple dans un communiqué pour ce "jour décisif qui a mis fin à la tyrannie et au despotisme et a ouvert une nouvelle ère de liberté, de justice et d’égalité". Dans les rues libyennes, le coeur n’était pas davantage à la fête. À Tripoli ou à Benghazi (est), deuxième ville du pays et berceau de la contestation qui y avait débuté à la mi-février 2011, aucun signe de festivités n’était visible.
Enlèvement d’Ali Zeidan
S’il n’a duré que quelques heures, l’enlèvement du Premier ministre Ali Zeidan, il y a moins de deux semaines, a illustré la faiblesse de l’État et rappelé aux Libyens la triste réalité de leur pays, plongé dans l’anarchie deux ans après la révolution.
Après la chute du régime Kadhafi et celle du système sécuritaire de l’État, les nouvelles autorités ont chargé les ex-rebelles d’assurer la sécurité. Ces ex-rebelles ont ainsi formé des dizaines de milices sur des bases idéologiques, régionales ou tribales n’obéissant qu’à leurs propres intérêts. Ils n’hésitent pas à défier l’État si leur intérêts sont menacés, compromettant ainsi la paix civile et retardant la construction des institutions.
Par ailleurs, des affrontements tribaux meurtriers éclatent régulièrement, notamment pour le contrôle de la contrebande ou à la suite de querelles. Mardi, des affrontements se déroulaient par exemple dans les régions de Zawyiah et Ajaylat, à quelques dizaines de km à l’ouest de Tripoli, après l’enlèvement d’habitants de Zawyiah.
Sécuriser les frontières
Cette situation suscite des sentiments mitigés chez Fethi Tarbel, un avocat dont l’arrestation le 15 février 2011 avait été l’étincelle de l’insurrection libyenne. Ce militant des droits de l’homme s’efforce d’avoir "un regard positif (…) malgré l’amertume qui domine". Selon lui, l’anarchie ambiante est un "héritage de l’ancien régime" qui a laissé des "institutions en déconfiture".
Sur le plan politique, la feuille de route de la transition comprenant les échéances électorales devant doter le pays d’institutions pérennes est sérieusement compromise. Les nouvelles autorités n’ont ainsi toujours pas réussi à former une police et une armée professionnelles. Mardi, elles se sont félicitées de la suite favorable donnée par l’Otan à leur demande de conseil sur la mise en place d’institutions de défense.
Tripoli souhaite notamment sécuriser ses vastes frontières et construire des forces de sécurité pour prendre la relève des ex-rebelles, accusés de violations des droits de l’homme.
(Avec AFP)
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