Visuel interactif : le nouvel organigramme d’Aqmi

Durement frappé durant l’opération Serval au Mali, Aqmi a revu son organisation interne. Promotions, nouveaux lieutenants, personnages clés : découvrez le nouvel organigramme de la filiale maghrébine d’Al-Qaïda.

Abdelmalek Droukdel, Djamel Okacha et Abderrahmane. © DR/Montage J.A.

Abdelmalek Droukdel, Djamel Okacha et Abderrahmane. © DR/Montage J.A.

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 25 octobre 2013 Lecture : 5 minutes.

Environ 500 jihadistes auraient été tués lors des six premiers mois de l’opération Serval au Mali, de janvier à juin 2013. Parmi eux figuraient de nombreux combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Confrontée à ses plus importantes pertes depuis sa création, en janvier 2007, l’organisation terroriste a été contrainte de réaménager sa structure interne.

Les principaux changements concernent la direction des deux principales brigades au Sahel : la katiba Tarik Ibn Ziyad et la katiba al-Fourghan. Décapitées avec la mort de leurs anciens chefs, l’Algérien Abou Zeïd et le Mauritanien Mohamed Lemine Ould El-Hassen, elles sont désomais dirigées par leurs compatriotes respectifs Saïd Abou Moughatil et Abderrahmane.

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Voici donc le nouvel organigramme d’Aqmi, suivi d’une courte notice biographique sur chacun des dirigeants de la filiale maghrébine d’Al-Qaïda.

© Infographie réalisée par Elena Blum

  • Abdelmalek Droukdel

L’émir d’Aqmi. Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud (son nom de guerre) est né en 1970 à Meftah, en Algérie. Issu d’une famille modeste et religieuse, il obtient une licence de chimie puis rejoint, en 1994, le Groupe islamique armé (GIA). Le jeune combattant artificier monte rapidement en grade et prend la tête du Groupe salafiste pour la prédication et la combat (GSPC) en 2004. Deux ans plus tard, en 2006, il fait allégeance à Ben Laden et Al-Qaïda, avant d’annoncer, en janvier 2007, la création d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

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Aqmi tisse progressivement sa toile au sud du Sahara et au Sahel, à grands coups d’attentats et d’enlèvement d’otages occidentaux. Au printemps 2012, l’organisation terroriste prend le contrôle d’une partie du Nord du Mali à la faveur du putsch contre le président Amadou Toumani Touré. Abdelmalek Droukdel tentera alors d’y instaurer un émirat islamique en s’appuyant sur les notables locaux, au premier rang desquels ses alliés touaregs d’Ansar Eddine, dirigés par Iyad Ag Ghali. Les consignes de l’émir, coupé du terrain car réfugié en Kabylie, ne seront pas suivies par ses lieutenants sahéliens, qui imposent rapidement et brutalement la charia (la loi islamique) aux populations.

  • Djamel Okacha

L’émir du Sahara. Djamel Okacha, alias Yahia Abou el-Hammam, est un fidèle de Droukdel. À ses côtés depuis la création du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) en 1998, il appartient, comme lui, au "groupe d’Alger" (il est originaire de Réghaïa, à l’est de la capitale). Après quelques années dans le nord-est de l’Algérie, Okacha prend la direction du Sahara en 2003. Cet imposant jihadiste d’1m80, à l’épaisse barbe noire et à la démarche boiteuse, s’y fait rapidement remarquer. Alors placé sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, Yahia Abou el-Hammam dirige notamment plusieurs opérations en Mauritanie, comme l’attaque du poste militaire de Lemgheity en 2005, l’assassinat d’un humanitaire américain à Nouakchott en juin 2009 ou encore l’attentat contre l’ambassade de France en août de la même année.

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Le 3 octobre 2012, Droukdel lui confie la charge de l’émirat du Sahara, en remplacement de Nabil Makhloufi, tué dans un accident de voiture un mois plus tôt. Une promotion pour Okacha, qui aura – théoriquement – Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeïd sous ses ordres pendant quelques mois, avant que le premier fasse sécession et le second périsse lors de l’intervention franco-tchadienne dans l’Adrar des Ifoghas.

  • Saïd Abou Moughatil

Émir de la katiba Tarek Ibn Ziyad. Saïd Abou Moughatil, dit Abou Saïd al-Djazaïri, est un Algérien d’une quarantaine d’années, originaire de la région d’Oued Souf. En septembre, il est nommé remplaçant d’Abdelhamid Abou Zeïd, tué en février dans l’Adrar des Ifoghas, à la tête de la katiba Tarek Ibn Ziyad. Saïd Abou Moughatil n’y occupait jusqu’alors qu’un poste de subalterne, en charge du matériel. Spécialiste des transmissions, c’est lui qui aurait réussi à rétablir la communication entre ses "frères" réfugiés aux confins de la Libye après l’opération Serval et leur hiérarchie. Selon les services algériens, ce rude combattant aurait également piloté, en septembre 2010, le rapt des Français sur le site minier d’Arlit, au Niger.

  • Abderrahmane

Émir de la katiba al-Fourghan. Le Mauritanien Abderrahmane est un personnage mystérieux. Connu sous le pseudonyme Talha ou Abou Talha al-Mauritani, il a été nommé à la tête de la katiba Al-Fourghan au mois de septembre. Il y remplace son compatriote Mohamed Lemine Ould El-Hassen, dit Abdallah Al-Chinguitty, tué au cours de l’opération Serval. D’après l’Agence Nouakchott Information (ANI), Talha est l’un des premiers Mauritaniens ayant rejoint Aqmi en 2006. Il faisait partie du groupe qui avait pour mission d’occuper la ville de Tombouctou et de gérer la sécurité de la ville d’avril 2012 à janvier 2013. Il s’y est notamment fait remarquer pour son fanatisme au sein de la police islamique.

  • Hamada Ag Hama

Émir de la katiba al-Ansar. Hamada Ag Hama, dit Abdelkrim al-Targui ou Abdelkrim Taleb, est le Touareg le plus connu d’Aqmi. Originaire d’In Khalil et membre de la tribu des Ifoghas, c’est un parent d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Eddine. Il dirige la katiba al-Ansar, en majorité composée de Touaregs maliens et nigériens. Son premier fait d’armes remonte à juin 2010, lorsqu’il tend une embuscade fatale à onze gendarmes algériens à Tinzaouten, près de la frontière malienne. Hamada ag Hama est également suspecté d’avoir exécuté en personne l’otage français Michel Germaneau, en juillet de la même année. Selon des sources sécuritaires maliennes et nigériennes, ce sont par ailleurs ses hommes qui auraient enlevé les Français Philippe Verdon et Serge Lazarevic en novembre 2011 à Hombori, au Mali.

  • Abou Abdel Hakim al Kidali

Émir de la katiba Youssef Ibn Tachfin. La katiba Youssef Ibn Tachfin, du nom du sultan almoravide ayant conquis l’Andalousie à la fin du XIe siècle, a été créée en novembre 2012. Composée essentiellement de Touaregs du Nord-Mali, elle est dirigée par Abou Abdel Hakim al Kidali, un natif de la région de Kidal qui faisait jusque là partie de la katiba al-Ansar. Avec sa brigade, Abou Abdel Hakim al Kidali nomadisait avant l’opération Serval dans la région de Kidal et les montagnes de Tigharghar, près de la frontière avec l’Algérie.

  • Yahia Djouadi

L’ancien bras droit de Droukdel. L’Algérien Yahia Djouadi, alias Yahia Abou Amar, est un ancien du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), où il a été membre du bureau de l’information, organe de propagande de l’organisation islamiste radicale. En septembre 2006, sa loyauté envers Droukdel lui vaut d’être promu au poste de chef militaire du mouvement, désormais labellisé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). À l’été 2007, Droukdel le nomme à la tête de la zone du Sahara, avec pour mission implicite de raviver la ferveur religieuse au sein des katiba qui sillonnent le désert.

Actions contre les forces algériennes et mauritaniennes, enlèvements d’otages autrichiens en 2008 : dans un premier temps, Djouadi se montre à la hauteur des espérances de Droukdel. Pourtant, en novembre 2011, le chef d’Aqmi lui retire la charge d’émir du Sahara, ne l’estimant plus capable de gérer la rivalité montante entre Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar. Depuis, Djouadi semble avoir disparu du Nord du Mali, où il n’a participé à aucunes opérations ou réunions récentes des responsables locaux d’Aqmi.

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Benjamin Roger

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