Vidéo : le blogueur algérien Abdelghani Aloui a-t-il glorifié le « martyr » Ben Laden ?

Dans une vidéo postée en juillet sur le compte Youtube d’Abdelghani Aloui, un jeune homme, qui ressemble fortement au blogueur incarcéré, réclame l’instauration du califat en Algérie et rend hommage au « martyr » Oussama Ben Laden. Contacté par « Jeune Afrique », son avocat dénonce une manipulation.

Capture d’écran de la vidéo postée le 29 juillet 2013 par « Malik Liberter ». © Capture d’écran/Youtube

Capture d’écran de la vidéo postée le 29 juillet 2013 par « Malik Liberter ». © Capture d’écran/Youtube

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Publié le 22 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Une vidéo, toujours visible sur le compte YouTube d’Abdelghani Aloui, blogueur inculpé, entre autres, pour "apologie du terrorisme", pourrait bien changer la donne quant à l’issue de cette affaire. Dans une séquence de 4’30 publiée le 19 juillet dernier par "Malik Liberter", le pseudonyme d’Abdelghani Aloui sur internet, on aperçoit un jeune homme, qui ressemble fortement au blogueur de Tlemcen, se livrer à un à violent discours prônant le jihad et la défense de l’islam radical.

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Casquette visée sur la tête et lunettes de soleil dissimulant le visage, l’individu assis dans un canapé face caméra, revendique son appartenance au groupe "Les soldats du Califat". "Vous pouvez nous tuer, nous pendre, mais nous sommes résolus à instaurer un califat dont nous sommes les soldats, indique-t-il. Si vous en emprisonnez un, si vous en tuez un, d’autres prendront la parole ailleurs". Il y apporte pêle-mêle son soutien aux talibans afghans, aux jihadistes du Front al-Nosra en Syrie ou encore aux islamistes radicaux de Tchétchénie. "Par Dieu, vous ne jouirez pas de la paix, comme l’a dit le martyr Oussama Ben Laden", conclut le jeune homme, tout en réclamant la mise en place du califat en Algérie, en Tunisie et en Égypte.

"Manipulation"

Selon Me Amine Sidhoum, l’avocat d’Abdelghani Aloui, joint au téléphone par Jeune Afrique, cette vidéo est une manipulation. "Elle est apparue juste après le refus du juge d’instruction de remettre Abdelghani en liberté (le 20 octobre, NDLR), indique-t-il. Il s’agit d’un montage : c’est bien lui sur la vidéo mais ce n’est pas sa voix. Mon client a un timbre doux alors que l’homme parle d’un ton grave." D’après Me Sidhoum, cette séquence n’a par ailleurs pas été versée au dossier d’instruction.

"Le niveau d’instruction de mon client, qui a quitté l’école à l’âge de 15 ans, ne lui permet en aucune façon de tenir un tel discours en arabe classique, qui plus est sans aucune note, ajoute l’avocat. Certaines sphères algériennes que je ne  peux pas citer pour l’instant ont voulu récupérer le cas d’Abdelghani à des fins politiciennes".

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Abdelghani Aloui, 25 ans, installateur de climatiseurs à Tlemcen (Ouest d’Algérie) est officiellement inculpé depuis le 25 septembre pour "atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitués" et "apologie du terrorisme". Mi-septembre, après qu’il ait posté des photomontages brocardant le président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur son compte Facebook, les forces de l’ordre avaient mené, en son absence, une perquisition à son domicile de Tlemcen. Les gendarmes étaient alors repartis avec une écharpe couverte de l’inscription "La ilaha illa Allah " ("Il n’y a de Dieu que Dieu").

Cette saisie avait rapidement valu une mise en examen pour "apologie de terrorisme" à Abdelghani Aloui. Plusieurs médias, parmi lesquels Jeune Afrique, avait alors relayé l’affaire. Tandis que les proches et l’avocat de l’internaute algérien dénonçaient  une "grave atteinte à la liberté d’expression", des ONG internationales de défense des droits de l’homme, comme Human rights watch (HRW) ou Amnesty international, demandaient sa remise en liberté immédiate. Placé en détention provisoire à la prison Serkadji d’Alger, la remise en liberté conditionnelle d’Abdelghani Aloui a été refusée, dimanche 20 octobre, par le juge d’instruction en charge de l’affaire.

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Benjamin Roger et Farid Alilat

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