Des milliers d’Égyptiens aux funérailles des quatre coptes tués au Caire

Des milliers de personnes ont participé lundi aux funérailles de quatre coptes tués la veille devant une église du Caire. Cette attaque sanglante constitue le premier attentat contre des chrétiens dans la capitale depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, début juillet.

Lors des funérailles des quatre Coptes tués devant une église la veille au Caire, le 21 octobre. © AFP

Lors des funérailles des quatre Coptes tués devant une église la veille au Caire, le 21 octobre. © AFP

Publié le 22 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Des milliers d’Égyptiens se sont serré les coudes, lundi 21 octobre, au Caire, durant les funérailles de quatre coptes, dont deux fillettes, tués la veille à la sortie d’une église du quartier populaire d’Al-Warrak, au nord de la capitale.

Au milieu de fidèles à l’étroit dans l’église de la Vierge, théâtre dimanche soir de tirs sur des participants à un mariage, des prêtres brandissant d’imposantes croix se frayaient un passage. Autour d’eux, une foule portant les cercueils scandait des slogans réclamant la justice et jurait de "défendre la Croix". Un important dispositif policier était déployé à l’extérieur du lieu de culte.

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Dimanche soir, un mariage y avait tourné à l’horreur lorsque des hommes armés ont tiré à l’aveugle sur les fidèles sortant de l’église avant de prendre la fuite à moto. Selon les services de secours, cet attentat a fait quatre morts et 17 blessés. Parmi les victimes, toutes coptes et membres d’une même famille élargie, figurent deux fillettes de 8 et 12 ans. "Trois hommes, cagoulés, se sont approchés sur leurs motos. Deux ont tiré sur nous et d’un coup il n’y a plus eu que du sang et le chaos partout", a témoigné Mouawad Waguih.

Les coptes, qui représentent 10% des 85 millions d’Égyptiens, se disent de longue date marginalisés dans le plus peuplé des pays arabes. C’est la première fois que cette communautée, régulièrement ciblée par des attaques, est visée dans la capitale depuis la destitution, le 3 juillet, du président islamiste Mohamed Morsi. "Nous, les coptes, payons le prix de la destitution de Morsi, a déclaré Imane Gerges, âgée de 40 ans. Nous sommes visés et nous ne nous sentons plus en sécurité nulle part".

Les forces de l’ordre pointées du doigt

Un fidèle, Ayman Moussa, a ainsi affirmé  que l’église ne bénéficiait d’aucune protection des forces de sécurité depuis le 30 juin, date de la première manifestation monstre contre Mohamed Morsi.

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Militants et chrétiens égyptiens accusent régulièrement les forces de l’ordre de les avoir abandonnés au moment où les islamistes multipliaient les représailles à la suite de la violente répression menée à leur encontre par l’armée. Des dizaines d’églises, de maisons et de commerces appartenant à des coptes avaient été attaqués et incendiés, en majorité dans le centre du pays, durant les jours et les semaines qui ont suivi la sanglante dispersion de deux importants rassemblements pro-Morsi au Caire, le 14 août.

Début octobre, Amnesty International avait accusé les forces de sécurité d’avoir échoué à protéger les coptes. Le pape copte Tawadros II était présent aux côtés du chef de la toute-puissante armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, lorsqu’il a annoncé la déposition de Mohamed Morsi le 3 juillet. Depuis, les islamistes accusent les coptes d’avoir soutenu le coup de force de l’armée contre le premier président démocratiquement élu d’Égypte.

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Condamnations unanimes

Le Premier ministre Hazem Beblawi a qualifié l’attentat de dimanche d’"acte criminel méprisable" et assuré que les forces de sécurité recherchaient les assaillants. "Des actes aussi terribles ne parviendront pas à diviser musulmans et chrétiens", a-t-il assuré. Déplorant cette attaque, les Frères musulmans ont de leur côté accusé les autorités d’"ignorer des actes délibérés d’incendies criminels, de vandalisme et de meurtres".

Les États-Unis ont également condamné "fermement" cette attaque "odieuse", tandis que la France se disait "vivement préoccupée par les nombreuses violences qui, notamment depuis le mois d’août, visent les coptes".

Les tensions pourraient encore être exacerbées par le procès, prévu le 29 octobre, du Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie et de ses adjoints, ainsi que par celui de Mohamed Morsi, à partir du 4 novembre, pour "incitation au meurtre" de manifestants.

(Avec AFP)

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