Le blogueur algérien Abdelghani Aloui maintenu en détention provisoire
Le juge d’instruction chargé de l’affaire Abdelghani Aloui a décidé, dimanche, de maintenir le jeune blogueur de Tlemcen en détention provisoire. Son avocat, qui dénonce une « grave atteinte à la liberté d’expression », a décidé de faire appel.
Abdelghani Aloui va encore passer quelques nuits dans la prison de Serkadji, à Alger. Le juge d’instruction en charge de son dossier a décidé, dimanche 20 octobre, de maintenir le jeune blogueur originaire de Tlemcen (ouest) en détention provisoire. Détenu depuis près d’un mois, Abdelghani, 25 ans, a officiellement été inculpé le 25 septembre pour "atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitués" et "apologie du terrorisme".
Les 14 et 15 septembre derniers, après qu’Abdelghani Aloui ait posté des photomontages brocardant le président Abdelaziz Bouteflika et le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur son compte Facebook, les forces de l’ordre avaient mené, en son absence, une perquisition à son domicile de Tlemcen. Les gendarmes étaient alors repartis avec une écharpe couverte de l’inscription "La ilaha illa Allah " ("Il n’y a de Dieu que Dieu"). Une saisie qui lui a valu, quelques jours plus tard, d’être accusé d’"apologie de terrorisme".
Soutiens de HRW et d’Amnesty
Joint par Jeune Afrique, Me Amine Sidhoum, l’avocat d’Abdelghani Aloui, s’est dit "déçu" par le maintien de son client en détention provisoire tout en dénonçant une "grave atteinte à la liberté d’expression". "Nous avons fait appel devant la chambre d’accusation, qui doit théoriquement nous donner une réponse dans les huit jours", a-t-il précisé. Selon son conseil, le blogueur "tient le coup" et a "bon moral". "Nous nous sommes vus à deux reprises à la prison Serkadji, a ajouté Me Sidhoum. À chaque fois, il m’a répété qu’il n’avait commis aucune infraction et qu’il assumait tout ce qu’il avait fait".
L’affaire Abdelghani Aloui dépasse désormais les frontières algériennes. Outre les nombreux soutiens affichés par ses compatriotes sur les réseaux sociaux, tels Facebook ou Twitter, l’internaute de Tlemcen peut aussi compter sur l’appui d’ONG internationales de défense des droits de l’homme comme Human Rights Watch (HRW) ou Amnesty International. "Les autorités algériennes semblent essayer d’étouffer les critiques en cette période d’incertitude précédant les élections présidentielles de l’année prochaine. Abdelghani Aloui doit être immédiatement remis en liberté et toutes les poursuites engagées contre lui doivent être abandonnées", réclame notamment Amnesty International, dans un communiqué publié la semaine dernière sur son site.
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Benjamin Roger
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