La Côte d’Ivoire rend un hommage posthume au journaliste français Jean Hélène

Il y a dix ans, Jean Hélène mourait assassiné  par un policier à Abidjan, alors qu’il y exerçait son métier de journaliste. Un « martyr de la liberté », écrivait alors dans nos colonnes Christophe Boisbouvier, son confrère de RFI. Une décennie plus tard, alors que son meurtrier a été condamné en 2004 à 17 ans de réclusion, l’État ivoirien le décorera à titre posthume, lundi, de l’Ordre national de la République de Côte d’Ivoire pour services rendus à la nation.

Le reporter de RFI, Jean Hélène, assassiné à Abidjan en 2003. © AFP

Le reporter de RFI, Jean Hélène, assassiné à Abidjan en 2003. © AFP

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Publié le 18 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour le 21/10 à 12h43.

Ce lundi 21 octobre, la Côte d’Ivoire honore officiellement la mémoire du journaliste de RFI Jean Hélène, assassiné dix ans plus tôt, jour pour jour, à Abidjan. En présence du frère de Jean Hélène, Thierry Baldensperger, de Marie-Christine Saragosse, présidente directrice générale de France Médias Monde et d’Yves Rocle, adjoint à la directrice de RFI en charge de l’Information Afrique, la Grande Chancelière Henriette Diabaté le décorera à titre posthume de l’ordre national de la République de Côte d’Ivoire, afin de récompenser son mérite personnel et ses services rendus à la Nation.

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Né le 8 août 1953 à Mulhouse, dans l’est de la France, Jean Hélène, de son vrai nom Christian Baldensperger, était avant tout un journaliste passionné par l’Afrique. "Une tante missionnaire au Gabon, un frère pasteur au Cameroun, Jean aimait l’Afrique des petites gens, celle des réfugiés et des laissés-pour-compte", expliquait Christophe Boisbouvier, quelques jours après la mort du journaliste, dans Jeune Afrique.

Baroudeur

Longtemps collaborateur du quotidien Le Monde, il avait commencé à travailler à RFI en 1988. Il en était devenu rédacteur en chef et chef du service Afrique le 1er avril 2002. Nommé envoyé spécial à Abidjan, un an plus tard, il avait tour à tour couvert les conflits au Rwanda, en RDC, en Somalie ou au Liberia. Un baroudeur en somme. "Avec son chapeau mou, son gilet multipoche, sa modestie et sa réserve, il n’avait rien du flamboyant reporter. Pourtant il en était un, et parmi les meilleurs", écrivait, en 2008 dans Jeune Afrique, la journaliste Fabienne Pompey.

Son aventure a pris fin, un 21 octobre 2003, alors qu’il tentait d’interroger des militants du Rassemblement des républicains (RDR), qui devaient être remis en liberté après une énième garde à vue. Devant le bâtiment de la Sûreté nationale, dans le quartier du Plateau, Jean Hélène est assassiné d’une balle dans la tête, par le sergent Séry Dago, condamné en 2004 à 17 ans de prison et jugé seul coupable, malgré les nombreux soupçons pesant sur sa hiérarchie, alimentés par le climat politique de l’époque. Celui-ci résultait en partie d’une haine savamment orchestrée contre la presse internationale, désignée comme ennemie par des journaux locaux comme le quotidien du Front populaire ivoirien (FPI), Notre Voie, qui décrivait encore, quelques jours après sa mort, Jean Hélène comme un "espion au service du gouvernement français".

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Dago purge toujours sa peine. À l’ouverture de son procès, il était pourtant hilare, persuadé d’avoir rendu service à la nation. Dix ans plus tard, c’est cette même nation qui rend hommage à Jean Hélène.

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Par Mathieu OLIVIER

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