Imbroglio diplomatique entre l’Angola et le Portugal

Le chef de l’État angolais José Eduardo dos Santos a jeté un pavé dans la mare, mardi, en déclarant que « les choses n’allaient pas bien » entre son pays et le Portugal. À l’origine de la colère de Luanda, une enquête menée par la justice portugaise contre de hauts responsables du régime angolais et des membres de la famille du président dos Santos.

Le président angolais Jose Eduardo dos Santos, le 29 août 2013 à Luanda. © AFP

Le président angolais Jose Eduardo dos Santos, le 29 août 2013 à Luanda. © AFP

Publié le 17 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Le président angolais, José Eduardo dos Santos a estimé, mardi 15 octobre, que les relations, jusque-là en plein essor, entre son pays et l’ancienne puissance coloniale "n’allaient pas bien".

À l’origine de cet imbroglio diplomatique, l’ouverture par la justice portugaise d’une enquête pour fraude fiscale et blanchiment d’argent visant notamment le vice-président angolais, Manuel Vicente. Selon les derniers éléments de l’enquête rapportés par la presse de l’ex-colonie, la procédure judiciaire ne viserait pas seulement des hauts dirigeants du régime mais aussi des membres de la famille du président, notamment ses deux filles, Isabel et Tchizé.

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À Luanda, l’affaire a fait des vagues. Le quotidien gouvernemental Jornal de Angola a accusé le ministère public portugais d’organiser des fuites sélectives.

La bisbille a pris un tour inattendue en septembre, lorsque nouveau ministre portugais des Affaires étrangères Rui Machete, s’exprimant à la radio nationale d’Angola, a présenté des "excuses diplomatiques" à Luanda pour cette enquête. Ses propos ont déclenché une vive polémique à Lisbonne, l’opposition demandant la démission du chef de la diplomatie toutefois soutenu par le Premier ministre Pedro Passos Coelho.

Remise en cause stratégique ?

Les déclarations du président dos Santos ont provoqué la stupeur au sein de l’importante communauté portugaise en Angola, qui compte plus de 100 000 personnes. Mais à Lisbonne comme à Luanda, les milieux d’affaires et diplomatiques restent prudents tout en espérant une issue positive à cette affaire, alors qu’un premier sommet bilatéral a été programmé pour février 2014.

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Cette remise en cause est vue par les analystes comme une manœuvre qui ne devrait pas mettre en péril les relations entre ce pays pétrolier et l’ex-puissance coloniale

"Inhabituelle, cette annonce brutale révèle une stratégie visant à transmettre le message que l’Angola (…) refuse toute ingérence politique et tout néocolonialisme", affirme le professeur de journalisme angolais Celso Malavoloneke.

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"Diversion"

"Il s’agit d’envoyer un signal dans plusieurs directions, à l’État portugais, à certains secteurs de la société au Portugal mais aussi aux propres collaborateurs de José Eduardo dos Santos afin de les tranquilliser", poursuit Siona Casimiro, rédacteur en chef du quotidien catholique O Apostolado.

"Le président angolais a réussi à transformer une préoccupation personnelle en une question d’État et à créer une diversion pour éviter les questions de fond comme la transparence du budget de l’État", dénonce, de son côté, l’activiste anti-corruption angolais, Rafael Marques, lui-même à l’origine de procédures judiciaires contre des membres du régime.

(Avec AFP)
 

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