Niger : Issoufou demande au gouvernement d’engager sa responsabilité devant l’Assemblée

À la demande du président Mahamadou Issoufou, le gouvernement nigérien doit prochainement solliciter un vote de confiance à l’Assemblée nationale. Objectif : compter ses soutiens et, pourquoi pas, fragiliser l’opposition.

Mahamadou Issoufou compte sortir renforcé du vote de confiance à l’Assemblée. © DR

Mahamadou Issoufou compte sortir renforcé du vote de confiance à l’Assemblée. © DR

Publié le 15 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Mahamadou Issoufou a tranché. Pour sortir du flou qui règne depuis deux mois sur l’échiquier politique nigérien, mais aussi pour faire taire ses opposants qui, selon ses proches, "entretiennent l’ambiguïté" sur leurs forces, le président du Niger a demandé à son gouvernement d’engager sa responsabilité devant l’Assemblée nationale. C’était une hypothèse avancée par son entourage depuis quelques semaines, c’est désormais une certitude.

Selon nos informations, le vote de confiance des députés sera sollicité dès la fin de cette semaine, et devrait avoir lieu la semaine prochaine. Il s’effectuera à bulletin secret. Dans le camp présidentiel, l’issue de ce scrutin ne fait aucun doute. "Nous sommes très à l’aise, nous sommes sûrs d’avoir la majorité" dit un des ministres qui constituent le premier cercle des collaborateurs d’Issoufou.

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Dissensions

L’alliance au pouvoir table sur "un minimum" de 70 voix, alors que l’Assemblée compte 113 élus et que la majorité se situe à 57. Aux 58 députés qui lui sont acquis de manière quasi certaine, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) d’Issoufou et ses alliés membres de la coalition au pouvoir, la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), comptent en effet sur le soutien d’une dizaine de députés issus du Mouvement national pour la société du développement (MNSD).

Ce parti, qui est celui de l’ancien chef d’État Mamadou Tandja, se situe dans l’opposition depuis l’élection d’Issoufou en avril 2011. Mais en août dernier, lorsque le président a nommé un nouveau gouvernement dit "d’union nationale", des dissensions sont apparues. Cinq membres du parti ont accepté un portefeuille. Parmi eux, Albadé Abouba, qui fut le tout puissant ministre de l’Intérieur de Tandja et l’un des promoteurs de la "Tazartché" (continuité en haoussa). Et ils espèrent, dans les mois qui viennent, organiser un Congrès pour prendre le pouvoir au sein du parti. Selon l’entourage présidentiel, ils auraient avec eux une dizaine de députés, sur les 26 que compte le MNSD.

Le camp du président ne désespère pas non plus de "recruter" quelques-uns des 23 députés issus du Moden-Lumana. Le parti de Hama Amadou, le président de l’Assemblée nationale, était membre de l’alliance au pouvoir depuis deux ans et demi (c’est à ce titre qu’Hama avait hérité du perchoir), mais il a claqué la porte en août dernier. Le 5 octobre, il a rejoint les autres partis de l’opposition dans une nouvelle coalition, l’Alliance pour la République, la démocratie et la réconciliation (ARDR).

Si le gouvernement obtient 76 voix ou plus (les 2/3 des députés), il pourrait envisager un vote de défiance à l’endroit du président de l’Assemblée, Hama Amadou.

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Clarifier la situation

Le Moden est cependant lui aussi en proie aux dissensions. Trois de ses cadres, dont le secrétaire général Omar Tchiana, ont décidé de rester au gouvernement. Or selon un proche d’Issoufou, même si Hama semble avoir gardé la main sur le parti, les trois ministres "ont avec eux quelques députés". Avec le vote de confiance qu’entend solliciter le gouvernement, "on sera enfin fixé sur les forces en présence", estime un diplomate en poste à Niamey.

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Pour le camp présidentiel, cela permettra de "clarifier la situation". Du résultat du scrutin dépendra la suite. Si le gouvernement obtient 76 voix ou plus, il pourrait envisager un vote de défiance à l’endroit de Hama (il faut en effet les 2/3 des députés pour congédier le président de l’Assemblée nationale). Sinon, il lui faudra se résoudre à cohabiter avec celui qui fait désormais figure de premier opposant.

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Par Rémi Carayol

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