Prise d’otage du « Tanit » : trois pirates somaliens jugés en France

Le procès de trois jeunes Somaliens s’est ouvert lundi à Rennes, en France. Ils sont accusés d’avoir piraté, au large des Côtes somaliennes en 2009, le voilier « Tanit », à bord duquel le skipper Florent Lemaçon a trouvé la mort.

Mahmoud Abdi Mohammed, Abdelkader Osmane Ali et leur avocate Catherine Glon. © AFP

Mahmoud Abdi Mohammed, Abdelkader Osmane Ali et leur avocate Catherine Glon. © AFP

Publié le 15 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Devant la cour d’assises de Rennes où ils sont jugés pour avoir piraté le "Tanit" en 2009, les trois Somaliens, âgés de 26 à 31 ans, ont expliqué avoir perdu leur moyens d’existence après le tsunami de 2004 qui a détruit les embarcations et provoqué une raréfaction de la ressource en poissons ou en langoustes, ainsi que de la grande sécheresse de 2005, qui a laminé les troupeaux.

Dans ces conditions d’existence matérielles précaires, ils vont trouver un soutien auprès de chefs pirates somaliens qui vont leur apporter, en 2009, vêtements, drogue (khat) et un salaire de 100 dollars pour effectuer un "travail", ont-ils expliqué.

la suite après cette publicité

Ils tenteront d’abord – sans succès -, Kalachnikov en bandoulière, de détourner un cargo, l’African Star, puis, à cinq dans une vedette, ils se rabattent sur le Tanit, le petit voilier de voyage de la famille Lemaçon. Pour deux des accusés au moins, c’est la première action de piraterie.

À la barre, Mahamoud Abdi Mohamed, qui ne sait pas s’il a 26 ou 27 ans, raconte une enfance dans une famille de nomades dont le père meurt "par accident", tué d’une balle, quand il a 8 ans. À 12 ans, il s’occupe de l’élevage de chèvres familial mais, après avoir perdu quasiment tous ses animaux lors d’une grande famine en 2005, il se rabat sur la pêche en 2005.

Subvenir aux besoins familiaux

"Il n’y avait pas d’autre travail que la pêche, ma seule préoccupation c’était de faire vivre ma famille, je risquais ma vie car je ne savais pas nager", explique le jeune, analphabète, qui va accepter en 2009 le travail offert par les chefs pirates, sans savoir, selon lui, qu’il s’agissait de piraterie.

la suite après cette publicité

"Le tsunami a provoqué une raréfaction de la pêche, langoustes et poissons", explique Mohamed Mahamoud. Cet homme de 31 ans, est lui l’un des 20 enfants d’un ex-policier, devenu docker après les troubles des années 1990 en Somalie. Capable d’écrire et de lire dans sa langue natale, il était pêcheur de poissons et langoustes entre la Somalie et le Yémen avant de perdre sa barque lors du tsunami en 2004. Il abandonne finalement son activité de pêcheur en 2007.

Abdelkader Ousmane Ali, 29 ans, a perdu son père quand il avait 12 ans et a commencé à faire de petits boulots pour faire vivre sa famille. À 16 ans, il devient pêcheur de poissons et langoustes, principalement pour des intermédiaires qui revendent aux Émirats Arabes Unis. Mais les Émirats vont cesser de s’approvisionner en Somalie et il ne vendra plus qu’au marché local, à bas prix, explique-t-il.

la suite après cette publicité

Dénouement tragique

La prise d’otages de la Tanit a eu lieu en avril 2009. Florent, Chloé et leur fils Colin avaient quitté le port français de Vannes fin juillet 2008 à bord du voilier de 12,50 m pour rejoindre Zanzibar, dans l’Océan indien.

Au moment de leur capture par les pirates somaliens, deux autres équipiers se trouvent à bord. L’opération des commandos français pour libérer les otages se solde par la mort de deux pirates embarqués ainsi que par celle de Florent Lemaçon.

Les trois Somaliens, arrêtés par les forces françaises, comparaissent jusqu’à vendredi pour "détournement de navire par violence ou menace, arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de plusieurs personnes commis en bande organisée".

(Avec AFP)

 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires