Législatives guinéennes : blocage sur les « vérifications » de Matoto
La publication des résultats complets des législatives guinéennes du 28 septembre est encore retardée. Dimanche, représentants du pouvoir et membres de l’opposition en Guinée peinaient toujours à s’entendre sur des « vérifications » à Matoto, la plus grande circonscription électorale du pays.
Sur les 38 circonscriptions du pays, on attend plus que les résultats de Matoto, quartier populaire de Conakry et première circonscription électorale de Guinée avec 440 000 inscrits. La commission administrative de centralisation des votes (CACV) de Matoto, chargée de réunir et transmettre les résultats à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), une instance paritaire composée de représentants de la mouvance présidentielle et de l’opposition, est bloquée dans ses travaux. Depuis plusieurs jours, le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), a exigé diverses "vérifications", mettant en doute la véracité des chiffres de Matoto et soupçonnant le président de la CACV, le magistrat Victorien Rahba, d’avoir manipulé "des procès-verbaux (PV) ‘litigieux’".
La Céni a saisi la Cour suprême sur le cas du magistrat Rahba et, en attendant la réponse de cette juridiction, a annoncé dimanche avoir désigné "à titre exceptionnel le magistrat Seny Camara pour assurer la supervision des travaux" de la CACV de Matoto, espérant ainsi lever le blocage.
L’oppositionr réclame l’annulation du scrutin
L’opposition, de son côté, a rejeté cette solution et a récusé le magistrat Camara, réitérant sa demande d’annulation des élections.
"Je voudrais réaffirmer notre volonté de voir ces élections annulées et en attendant, nous récusons de la manière la plus catégorique la présence de ce ‘magistrat-superviseur’, un terme créé par la Céni, qui n’existe pas dans le Code électoral guinéen", a déclaré l’opposant et ex-Premier ministre Sidya Touré, en présence d’autres ténors de l’opposition dont Cellou Dalein Diallo et Jean-Marie Doré.
"Nous nous sommes opposés catégoriquement à ce qu’un autre magistrat remplace celui qui est en place. Nous n’accepterons pas cela", a-t-il ajouté.
Alors que des représentants des partis étaient sur place depuis dimanche matin de même que des observateurs de l’Union européenne (UE), le décompte des voix qui était censé reprendre dimanche après plusieurs jours d’empêchement n’a pu avoir lieu.
>> À lire aussi : Alpha Condé : "La Guinée ne sera pas déstabilisée"
Dimanche, dans une déclaration diffusée, les représentants de la communauté internationale membres d’un comité de suivi d’un accord entre pouvoir et opposition guinéens ont exprimé "leur préoccupation par rapport aux retards pris dans la publication des résultats provisoires" du scrutin du 28 septembre.
Ils "appellent la Céni à tout mettre en oeuvre pour finaliser la totalisation des résultats provisoires du scrutin en vue de leur publication dans les meilleurs délais et en tout état de cause avant la fête (musulmane) de l’Aïd al-Adha", qui devrait être célébrée mardi ou mercredi en Guinée. Ils invitent "en particulier les partis politiques et toutes les institutions concernées à coopérer pleinement pour finaliser la vérification et la totalisation des résultats de la circonscription de Matoto".
Selon des chiffres officieux, les résultats du scrutin publié par la Céni et portant sur 37 des 38 circonscriptions, donnaient une légère avance au camp du président Alpha Condé. D’après de premiers décomptes effectués à Matoto, l’opposition y est donnée en tête.
Toutefois, le mode de scrutin complexe (uninominal pour 38 députés, proportionnel au plus fort reste pour les 76 autres) rend toute projection aléatoire, selon des experts.
Aucun incident n’a été signalé, selon un journaliste de l’AFP présent sur place. Selon cette même source, le dispositif de la Force spéciale de sécurisation des élections (Fossel) était cependant plus important que les jours précédents devant le siège de la CACV et à l’intérieur du bâtiment.
(Avec AFP)
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