Les défis d’un nouveau gouvernement longtemps attendu à Rabat

Après des mois de tractations au Maroc, les islamistes du PJD sont parvenus jeudi à former un nouveau gouvernement, dans lequel ils sont désormais en minorité. La nouvelle coalition gouvernementale est particulièrement attendue sur des enjeux économiques importants, comme le redressement du déficit ou la réforme de la caisse de compensation.

Mohammed VI posant avec son nouveau gouvernement, le 10 octobre 2013 à Rabat. © AFP

Mohammed VI posant avec son nouveau gouvernement, le 10 octobre 2013 à Rabat. © AFP

Publié le 11 octobre 2013 Lecture : 5 minutes.

Trois mois après le retrait de l’Istiqlal, le principal allié des islamistes du Parti justice et développement (PJD) dans l’ancienne coalition gouvernementale, un nouveau gouvernement a été nommé, jeudi 10 octobre, par le roi du Maroc.

En juillet, le PJD s’était retrouvé fragilisé par le départ du parti du remuant Hamid Chabat. Les islamistes ont du faire de sérieuses concessions pour convaincre le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) de faire partie de la nouvelle coalition gouvernementale.

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Saad-Eddine El Othmani, ancien député et l’un des dirigeants du PJD, a ainsi abandonné le ministère des Affaires étrangères au profit du chef du RNI, Salaheddine Mezouar. Le nouveau gouvernement, dont l’annonce a été reportée plusieurs fois, comprend par ailleurs six femmes au lieu d’une seule dans l’ancienne équipe. Il est aussi plus étoffé que le précédent, avec 39 ministres contre 31.

Mohammed VI, qui a nommé le nouvel exécutif lors d’une cérémonie officielle au palais royal de Rabat en fin d’après-midi, doit s’exprimer vendredi devant les députés à l’ouverture de la session d’octobre du Parlement.

En minorité dans l’actuel gouvernement remanié, les islamistes doivent surtout mener d’importantes réformes économiques, dans un pays qui a connu en 2012 une aggravation de son déficit (plus de 7% du PIB), et où l’emploi des jeunes reste un enjeu économique majeur. Il faut notamment "retrouver l’équilibre macro-économique", et mener "la réforme de la caisse de compensation et les réformes fiscales", estime le politologue Mohammed Tozy. La caisse de compensations, en cours de réforme, subventionne à grand frais des produits de base.

La jeunesse au centre des préoccupations

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Le ministère de l’Intérieur est désormais dirigé par le technocrate Mohamed Hassad, assisté par un autre indépendant, le ministre délégué Cherki Draiss, tous deux d’anciens hauts fonctionnaires du même département.

Très critiqué par le roi cet été, le portefeuille de l’Éducation nationale a vu le remplacement, à sa tête, de Mohammed El Ouafa, un ancien membre du parti de l’Istiqlal, par Rachid Belmokhtar, un technocrate sans appartenance partisane. Les jeunes "demeurent confrontés à certaines contraintes dans leur vécu ou dans leurs perspectives d’avenir", avait déclaré le roi en août à propos de la réforme de l’enseignement, réclamant des "des stratégies propres à préparer nos jeunes pour des lendemains meilleurs".

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Le problème du chômage des jeunes a également été évoqué par Salaheddine Mezouar, avec lequel le chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane a mené l’essentiel des tractations. "Le nouvel exécutif devrait répondre aux attentes des citoyens, œuvrer particulièrement en faveur des jeunes et lutter contre les disparités sociales", a indiqué le nouveau ministre des Affaires étrangères après la nomination du gouvernement.

Malgré sa victoire historique aux législatives fin 2011, le PJD, ne disposant pas de la majorité, a du former une coalition hétéroclite au sein de laquelle figuraient l’Istiqlal mais aussi le Mouvement populaire (MP) et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Abdelilah Benkirane avait mené tout l’été des négociations avec le RNI pour pallier au retrait de l’Istiqlal et éviter des élections anticipées.

Liste du nouveau gouvernement nommé le 10 octobre 2013 par Mohammed VI

– Abdelilah Benkirane : chef du gouvernement.

– Abdellah Baha : ministre d’État.

– Mohamed Hassad: ministre de l’Intérieur.

– Salaheddine Mezouar: ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

– Mustapha Ramid : ministre de la Justice.

– Ahmed Toufiq : ministre des Habous et des Affaires islamiques.

– Driss Dahak : secrétaire général du gouvernement.

– Mohamed Boussaid: ministre de l’Économie et des Finances.

– Mohand Laensar : ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire national.

– Mohamed Nabil Benabdellah : ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville.

– Aziz Akhannouch : ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime.

– Rachid Belmokhtar : ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.

– Lahcen Daoudi : ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres.

– Aziz Rebbah : ministre de l’Équipement, du Transport et de la Logistique.

– Moulay Hafid El Alamy : ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique.

– Mohamed Ouzzine : ministre de la Jeunesse et des Sports.

– Lahoucine Louardi : ministre de la Santé.

– Mustapha El Khalfi : ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement.

– Abdelkader Amara : ministre de l’Énergie, des mines, de l’Eau et de l’Environnement.

– Lahcen Haddad : ministre du Tourisme.

– Bassima Hakkaoui : ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.

– Ahmed Amine Sbihi : ministre de la Culture.

– Anis Birou : ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration.

– El Habib Choubani : ministre chargé des Relations avec le parlement et la société civile.

– Fatema Marouane : ministre de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire.

– Abdesslam Seddiki : ministre de l’Emploi et des Affaires sociales.

– Abdeltif Loudyi : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l’Administration de la Défense nationale.

– Cherki Draiss : ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur.

– Mbarka Bouaida : ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

Mohamed El Ouafa : ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la Gouvernance.

– Mohamed Abbou : ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, chargé du Commerce extérieur.

– Abdeladim Guerrouj : ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle.

– Soumiya Benkhaldoun : ministre déléguée auprès du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres.

– Mohamed Najib Boulif: ministre délégué auprès du ministre de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, chargé du Transport.

– Idriss Azami Idrissi : ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget.

– Mohamed Moubdii : ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de la fonction publique et de la modernisation de l’administration.

– Hakima El Hiti : ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, chargée de l’environnement.

–  Charafat Afilal: ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, chargée de l’eau.

– Mamoun Bouhadhoud : ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, chargé des petites entreprises et de l’intégration du secteur informel.

(Avec AFP)

 

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