Centrafrique : le bilan des affrontements de Garga atteint « près de 50 morts »

De nouveaux affrontements entre ex-rebelles de la Séléka et groupes d’autodéfense en début de semaine ont fait près d’une cinquantaine de victimes dans le nord-ouest du pays. Le spectre de violences religieuses plane sur la Centrafrique.

Un rebelle de la Séléka dans le nord de la Centrafrique. © AFP

Un rebelle de la Séléka dans le nord de la Centrafrique. © AFP

Publié le 10 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

La plupart des victimes ont été "froidement abattues dans leur maison", selon une source sécuritaire. Du lundi 7 au mercredi 9 octobre, de violents affrontements entre ex-rebelles de la Séléka et des groupes d’autodéfense à Garga, à environ 200 km au nord de Bangui, ont fait "près de cinquante morts", a affirmé la même source.

Le village de Garga se trouve dans une zone minière où les anciens rebelles s’étaient installés depuis plusieurs mois et accaparaient l’exploitation des ressources à leur profit. Lundi, les paysans, "excédés" par cette occupation forcée et organisés en groupes d’autodéfense, ont attaqué la base des ex-Séléka, déclenchant une riposte sanglante de ces derniers dès le lendemain.

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Les combats ont cessé mercredi, mais la plupart des habitants de Garga ont fui leur village pour se réfugier en brousse ou dans des localités voisines.

Ces évènements rappellent les récents affrontements qui ont fait 100 morts début septembre dans la région voisine de Bossangoa (à une centaine de kilomètres au nord de Garga), opposant là encore des paysans en armes surnommés les "anti-balakas" ("anti-machettes") à des ex-Séléka.

Chrétiens contre musulmans

Alors que la situation sécuritaire était déjà chaotique depuis la prise du pouvoir par la Séléka en mars, elle soulève aujourd’hui de nouvelles inquiétudes, avec l’apparition de tensions inter-religieuses jusque-là inédites. À Bossangoa comme à Garga, attaques et représailles ont en effet opposé deux communautés religieuses, avec d’un côté les ex-rebelles Séléka – musulmans – et de l’autre des paysans, chrétiens comme la très grande majorité de la population.

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Le président de transition Michel Djotodia, après avoir dissout la Séléka qui l’avait porté au pouvoir, tente désormais de rétablir son autorité face au chaos ambiant et à la montée en puissance de certaines figures de l’ancienne rébellion. Il a ainsi limogé trois ministres ex-Séléka, dont le ministre de la Communication Christophe Gazam Betty, démis de ses fonctions mercredi.

Le même jour, l’exécutif centrafricain a nommé 12 commandants de régions militaires avec pour mission de sécuriser l’intérieur du pays, à la tête de contingents de 200 à 400 hommes des ex-forces armées centrafricaines (FACA) et de la Séléka intégrés dans les FACA. Ces décisions n’ont pour l’instant aucun effet en dehors de la capitale, où l’État n’existe plus depuis six mois et où des chefs rebelles dispersés, à l’aide d’une poignée de combattants, règnent en maîtres sur des populations traumatisées par les exactions et les pillages.

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Fabius à Bangui dimanche

Face à cette situation, la Misca, la force panafricaine chargée de désarmer les anciens rebelles, a pour l’instant réussi à rétablir un semblant de calme à Bangui mais elle manque de moyens. Un projet de résolution français doit être adopté jeudi à l’ONU pour renforcer le soutien à la Misca, censée à terme rassembler 3 500 hommes. Elle n’en compte pour l’instant que 1 400.

Fin septembre, à New York, le président français François Hollande avait appelé la communauté internationale à agir, mettant en garde contre un risque de "somalisation" de l’ancienne colonie française. Son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius se rendra dimanche à Bangui pour évaluer la situation et rencontrer les autorités locales ainsi que la communauté française.

Selon l’ONU, 1,6 million de Centrafricains, soit un tiers de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Plus de 270 000 ont été déplacés ou se sont réfugiés dans les pays voisins.

(Avec AFP)

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