Internet : la « World Wide Web Foundation » s’allie aux géants du web pour mieux connecter l’Afrique
L’Afrique est décidément dans le viseur des géants américain de l’Internet. Après Mark Zuckerberg et Facebook, c’est aujourd’hui la World Wide Web Foundation, aidée d’une trentaine d’organisations et d’entreprises, dont Google, qui font les yeux doux au continent. Elles lancent, lundi, l’Alliance pour un Internet abordable. Son objectif : faire passer le coût de la connexion sous la barre des 5% du revenu mensuel moyen de chaque pays, et, accessoirement, développer le marché du haut débit.
Officiellement, c’est une initiative mondiale. Officieusement, l’Afrique en occupe, logiquement, le centre. Lundi 7 octobre, la World Wide Web Foundation, fondée par l’inventeur du web, Sir Tim Berners-Lee, et associée à une trentaine d’entreprises ou d’organisations telles que Google ou l’USAID américaine, ont annoncé le lancement de l’Alliance pour un Internet abordable (A4AI en anglais). Celle-ci vise, comme son nom l’indique, à réduire le coût d’accès au web dans les pays émergents, avec pour objectif de faire passer le prix de la connexion sous la barre des 5% du revenu moyen dans chaque pays.
L’Afrique est évidemment la cible rêvée. D’abord, parce que le continent est encore le moins connecté au monde, avec 16% seulement de la population ayant accès à Internet, soit moitié moins que la zone Asie-Pacifique. Ensuite, parce que c’est sur ce même territoire africain que le web enregistre sa plus grande croissance : entre 2009 et 2013, la pénétration d’Internet a augmenté de 27% par an en moyenne, soit quasiment le double du score de l’Asie-Pacifique ou du monde arabe, selon les estimations de l’Union internationale des télécommunications (UIT).
"Réglementations anticoncurrentielles" et "prix inabordables"
Dès la fin de l’année 2013, l’Alliance travaillera avec trois à quatre pays, d’abord africains, cette collaboration devant s’étendre à une douzaine de pays d’ici fin 2015, vraisemblablement en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud. Si le coût de la connexion a chuté de 82 % dans le monde depuis 2008, pour atteindre 21,5 % du produit national brut par habitant, en moyenne, les disparités restent énormes. Dans les pays développés, il ne représente que 1,7 % alors qu’il est de 30,1 % en moyenne dans les pays émergents. Et l’objectif de l’Alliance, 5%, paraît encore plus éloigné pour les derniers de la classe tels la Gambie (747%), l’Érythrée (720%), ou encore le Togo (406%) et le Rwanda (258%).
>> Lire aussi : "Internet : les bons et les mauvais élèves de la Toile africaine"
"Avec l’avènement des smartphones abordables, de nouveaux câbles sous-marins et les innovations dans l’utilisation du sans fil, la fracture numérique ne devrait pas perdurer. Le véritable goulot d’étranglement est politique, avec des réglementations anticoncurrentielles qui maintiennent des prix inabordables", explique Sir Tim Berners-Lee, indiquant que "l’Alliance est pour la suppression de ces barrières".
Et le père du web d’ajouter : "Ce fossé numérique ralentit les progrès dans des domaines vitaux tels que la santé, l’éducation et la science". Une initiative de lobby et de développement donc, au service des Africains… et de quelques poids lourds, surtout américains. Parmi les membres de l’Alliance, outre Google : Facebook, Yahoo, Microsoft, Intel Corporation, Microsoft, Alcatel-Lucent, Cisco ou encore Yahoo.
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Par Mathieu OLIVIER
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