Égypte : au moins 50 morts lors d’affrontements entre pro-Morsi et forces de l’ordre

Dimanche, des affrontements entre forces de l’ordre et partisans de l’ex-président Mohamed Morsi ont fait au moins 50 morts. En deux mois, la répression sanglante des Frères musulmans par l’armée aurait fait plus de 1 000 victimes.

Scènes d’affrontement entre islamistes et forces de l’ordre au Caire, le 6 octobre. © AFP

Scènes d’affrontement entre islamistes et forces de l’ordre au Caire, le 6 octobre. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 7 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Depuis la semaine de répression sanglante contre les Frères musulmans, à la mi-août, c’est le bilan le plus grave enregistré dans des affrontements entre forces de l’ordre et partisans de l’ancien président islamiste déchu le 3 juillet dernier, Mohamed Morsi. Dimanche 6 octobre, au moins 50 personnes ont péri dans ces circonstances, lors de manifestations pour le 40e anniversaire de la guerre du Kippour (que l’Égypte considère comme une "victoire"), mais aucun policier, selon un responsable du ministère de l’Intérieur.

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Le bilan provisoire officiel fait état de 45 morts au Caire et 5 autres dans plusieurs villes du sud de la capitale. Dans la nuit de dimanche, outre les grenades lacrymogènes, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à utiliser des tirs de chevrotine et parfois d’armes automatiques quand les rassemblements grossissaient. Selon Ahmed al-Ansari, haut responsable au ministère de la Santé, 268 personnes ont également été blessées. Et selon le ministère de l’Intérieur, qui a accusé dans un communiqué les manifestants d’avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre et vandalisé des biens publics au Caire, 423 personnes ont été arrêtées dans la capitale.

Depuis près de deux mois, l’armée réprime dans le sang toute manifestation des pro-Morsi. Policiers et militaires ont carte blanche pour ouvrir le feu sur "tout manifestant qui s’en prend à des biens publics", ce qui laisse libre cours à la plus large interprétation. Plus d’un millier de manifestants pro-Morsi ont ainsi été tués, et plus de 2 000 Frères musulmans arrêtés, dont la quasi-totalité de leurs leaders, leurs activités ont été interdites et les avoirs de la confrérie, qui avait pourtant remporté haut la main les législatives fin 2011, ont été gelés.

"Terroristes"

L’armée, le gouvernement, la quasi-totalité des médias et une large majorité de la population qualifient désormais les Frères musulmans et les partisans de Morsi de "terroristes". Les anti-Morsi se mobilisent aussi organisant régulièrement des contre-manifestations. Vendredi, au moins quatre civils avaient ainsi péri dans des heurts entre pro et anti-Morsi au Caire.

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Quelques milliers d’anti-Morsi s’étaient également rassemblés dimanche au Caire sur la place Tahrir, emblématique pour la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak début 2011. Symbole de la toute puissance de l’armée au cœur du nouveau pouvoir, ces manifestants brandissaient de nombreux portraits non pas du président ou du Premier ministre mais du général Abdel Fattah al-Sissi, chef d’état-major, vice-premier ministre et ministre de la Défense, considéré comme le nouvel homme fort de l’Égypte et dont les photos ornent désormais la plupart des rues, boutiques et administrations du pays.

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Égyptiens manifestant au Caire aux côtés de militaires pour le 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973. © Khaled Desouki / AFP

Nouvelles manifestations prévues

Dimanche, le général Sissi, accompagné par le président par intérim Adly Mansour et par le Premier ministre jordanien Abdallah Nsour, a lui-même assisté à un feu d’artifices dans un stade militaire suivi d’un long spectacle de danse et de chansons. "L’armée, la police et le peuple sont ensemble, main dans la main… Nous protégerons l’Égypte, le peuple égyptien et la volonté des Égyptiens", a-t-il promis à la foule au milieu des acclamations.

De son côté, l’Alliance contre le coup d’Etat, dirigée par les Frères musulmans dont est issu Morsi, a appelé à d’autres manifestations cette semaine et a notamment pressé les étudiants des universités égyptiennes et dans les écoles à manifester mardi "contre ces massacres qui se poursuivent". "L’Alliance tient les autorités responsables du coup d’Etat et les militaires entièrement responsables de tout ce sang égyptien qui est répandu en ce moment, et pour chaque Egyptien qui a été tué aujourd’hui", déclare l’organisation dans un communiqué.

(Avec AFP)

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