Danse : avec les Kids de Soweto, Mamela Nyamza provoque et enchante
Accompagnée de cinq jeunes danseurs de Soweto, la chorégraphe sud-africaine Mamela Nyamza offre une création à la fois festive et engagée.
Ils sont jeunes, sapés à la mode urbaine (jean slim, taille ultra ultra basse, baskets flashy), et aiment s’amuser. Les cinq Kids de Soweto ont de l’énergie à revendre. Ils rencontrent pour la première fois Mamela Nyamza, figure montante de la scène artistique sud-africaine, née dans un township de Gugulethu au Cap en 1976. Formée à la danse classique en Afrique du Sud, puis au sein de l’école Alvin Ailey à New York, Mamela Nyamza propose une danse engagée qui questionne les clivages qui minent la société post-apartheid, notamment les rapports hommes-femmes.
Plus jeunes, les membres du Soweto’s Finest n’ont pas vécu sous le régime ségrégationniste et pratiquent une danse festive. Poussés par l’envie de se démarquer des amateurs de pantsula, un mouvement qui mime des scènes de la vie des ghettos, ils pratiquent l’ishbuja (pour « bourgeois »), une danse qui se veut "classe", davantage stylisée. Mouvements issus du traditionnel zoulou, du hip-hop ou des shows de Michael Jackson et musique électro impulsent une rythmique particulière que ces danseurs ont parfaitement intégré et faite leur… à tel point que leurs corps se transforment parfois en percussion, rendant tout autre apport superflu. Sous la direction de Mamela Nyamza, ils se moquent des codes classiques et des répertoires bien définis. L’humour décapant de la chorégraphe-performeuse est bien là, communicatif.
Provocation
Habituée à questionner la place des femmes dans la société sud-africaine et à dénoncer la violence qu’elles subissent quotidiennement, Mamela Nyamza, seule danseuse sur scène parmi ces cinq garçons, sorte de catwoman toute vêtue de cuir noir, joue la provocation et interroge le regard – et les fantasmes – masculin sur le corps féminin. Elle va jusqu’à inverser les clichés en adoptant à l’occasion une attitude paternaliste. L’esprit des battles du hip-hop ou du krump est là. On s’affirme, empruntant une posture, transformant son visage en une grimace menaçante, en un masque derrière lequel se camoufler, on se teste les uns les autres… La danse se fait percutante, réjouissante… quand elle n’est pas affaiblie par une parole parfois trop présente, comme si les mouvements ne sauraient se suffire à eux.
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Séverine Kodjo-Grandvaux
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– Mamela Nyamza et les Kids de Soweto, jusqu’au 11 septembre au musée du Quai Branly à Paris, puis en tournée en France. À voir également à partir du 4 octobre, 20h, sur le site d’Arte Live Web
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