La Black Fashion Week 2013 ouvre ses portes à Paris
La deuxième édition de la Black Fashion Week de Paris se tient du 4 au 6 octobre. Pour sa fondatrice, Adama Ndiaye, c’est une manière de sensibiliser ses contemporains sur l’importance de la diversité dans le monde de la mode. Et au-delà.
Où sont passés les Naomi Campbell, Iman Bowie ou autre Katoucha Niane des années 2010 ? Qu’il est loin le temps (années 80 et 90), où ces mannequins stars noirs arpentaient les podiums des défilés du monde entier en inspirant les plus grands couturiers. Tel Yves Saint Laurent qui alla jusqu’à dédier une robe, "Quand les étoiles deviennent noires», à l’une de ses mannequins vedette des années 80, l’Ivoiro-Ghanéenne Rebecca Ayoko.
Aujourd’hui, les tops noirs sont des exceptions. Le site Internet américain Jezebel qui recense depuis 2008 le nombre de mannequins issus de la diversité sur les podiums a, par exemple, noté que 83 % des mannequins qui ont défilé lors de la récente Fashion week de New-York étaient blanches, contre 9% d’asiatiques, 6 % de noires et 2% d’Amérique latine.
Face à ce qui, pour certains, n’est qu’une tendance passagère, d’autres ont décidé de réagir. Lors de la dernière Fashion Week parisienne (qui s’est achevée le 2 octobre), par exemple, le créateur américain Rick Owens, réputé pour son anticonformisme, a pour présenter une collection sous forme de coup-gueule, en faisant défiler et danser des mannequins de toutes couleurs et de toutes tailles sur une musique hip-hop. "C’était comme un gros fuck you à la beauté conventionnelle. Leur message, c’est "nous sommes belles à notre façon", a-t-il déclaré.
Adama Ndiaye, styliste sénégalaise de 37 ans, a elle, carrément décidé de lancer en 2012 une Black Fashion Week (BFW), qui suit directement la Fashion Week traditionnelle et a pour but de promouvoir la beauté et les créateurs de la diversité.
Critiquée pour son "sectarisme" par une partie de la presse française, lors de sa première édition, la BFW revient encore plus fort cette année, du 4 au 6 octobre, au Pavillon Cambon Capucines, Paris 1er. Pendant trois jours, 15 créateurs venus du Mali, du Niger, du Liban ou encore de Moldavie présenteront leurs créations, soutenus par des personnalités telles qu’Inna Modja, Noémie Lenoir ou encore Didier Drogba.
"La diversité des beautés"
"Le mot Black est juste un ‘statement’ [formulation, NDLR], qui sert à interpeller", explique Adama Ndiaye. Avant d’ajouter : "Je n’étais pas du tout militante, je le suis devenue après la polémique suscitée par la première BFW de Paris. J’ai dû monter au créneau et défendre cet idéal qu’est la diversité des beautés".
Cette fois-ci, c’est elle qui a dégainé la première. "Fini le politiquement correct, je dis ce que je pense et tant pis pour ceux à qui cela déplait." Dans une récente tribune publiée sur le site Internet du Huffington Post, Adama Ndiaye a d’ailleurs qualifié la traditionnelle Fashion Week Parisienne de "ségrégationniste" et a appelé au boycott de créateurs au "racisme rampant". Emboitant ainsi le pas aux trois ex-mannequins Bethann Hardison, Iman et Naomi Campbell, qui avaient envoyé, début septembre, une lettre aux chambres syndicales de la mode de New-York, Londres, Milan et Paris pour dénoncer les marques qui "saison après saison, n’emploient qu’un seul ou aucun mannequin de couleur".
Et même si pour cette seconde édition de la BFW de Paris, Adma Ndiaye a encore dû batailler pour trouver des financements et des partenaires, elle admet que les choses bougent. Elle explique : "Au départ certaines marques me demandaient de changer le nom de mon évènement en contrepartie d’un sponsoring et j’ai dit non. J’ai tenu et aujourd’hui certaines d’entre elles sont sponsors ! Il y a une évolution des mentalités, tout n’est pas négatif".
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Par Haby Niakaté
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