#Abena, le hashtag de la contestation soudanaise

Malgré la surveillance tous azimuts d’internet par les autorités soudanaises, le mouvement de protestation en cours dans le pays continue à se déployer sur la Toile. Hashtags dédiés, crowdsourcing autour d’une carte, sites internet, tout est mis en place pour relayer ce qui se passe sur le terrain.

L’affiche du mouvement de contestation au Soudan. © Capture d’écran/J.A.

L’affiche du mouvement de contestation au Soudan. © Capture d’écran/J.A.

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Publié le 4 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Jamais depuis plus de deux décennies de pouvoir, Omar el-Béchir n’avait fait face à un mouvement de protestation d’une telle envergure. La levée des subventions sur les carburants – provoquant la hausse de plus 60 % de leur prix -, le 23 septembre, a été l’élément déclencheur des manifestations de colère à travers le pays. À Khartoum, la capitale, comme à Omdurman et à Bahri, deux autres grandes villes du Soudan, les habitants sont descendus dans les rues par milliers pour exprimer leur ras-le-bol.

Répression

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Pour tenter de court-circuiter les manifestants qui s’organisent via les réseaux sociaux, le pouvoir a d’abord coupé, le 25 septembre, le réseau internet sur l’ensemble du pays. Une coupure vite rétablie après les dénonciations de la mesure par les organisations et agences internationales spécialisées.

Le gouvernement soudanais ne s’est pas arrêté là. Il s’est ensuite attaqué aux médias qu’il accuse de faire la propagande des "criminels", entendez les manifestants contre la vie chère et hostiles au président Omar el-Béchir. Les trois principaux quotidiens du pays (Al-Soudani, Al-Majhar et Al-Watan) ont été interdits de parution et la télévision saoudienne Al-Arabiya obligée de fermer son bureau à Khartoum. Et dans les rues, la violente répression des forces de l’ordre, suivies des arrestations des militants contestataires, se poursuit pour tenter de mater le mouvement de protestation.

>> Lire aussi : Soudan : Omar el-Béchir et son quarteron de fidèles.

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"Abena", la désobéissance civile

Mais les Soudanais en colère résistent et s’organisent davantage sur la Toile. Autour des hashtags #abena – "nous désobéissons" dans un dialecte soudanais – et #SudanRevolts, ils relayent le déroulement de leurs actions sur le terrain. On y apprend par exemple qu’une nouvelle manifestation est prévue, le 4 octobre, après la prière de vendredi.

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S’inspirant du "Printemps arabe", les manifestants s’échangent également des informations sur la manière de se protéger contre la violence de la répression policière. Illustration avec la vidéo mise en ligne par le collectif Mosireen, un regroupement égyptien de journalisme citoyen, montrant comment "fabriquer son propre gilet pare-balles", à l’aide des canettes de coca-cola. Elle a été largement partagée, ces derniers jours, sur la twittosphère soudanaise, à l’image de ce tweet de cet artiste hip-hop soudanais, Ramey Dawoud.

Une cartographie des manifestations en cours a été également mise en ligne. Objectif : rapporter tout ce que se passe sur le terrain. Par texto, mail ou via twitter, les Soudanais signalent les descentes musclées de la police, les dérapages, les personnes arrêtées ou tuées. Toutes ces informations sont ensuite "vérifiées par une équipe" avant d’être intégrées sur la carte dédiée.

Capture d’écran sur abena.crowdmap.com.

L’écho de la contestation au Soudan s’entend désormais au-delà des frontières nationales. Des mouvements de soutien au peuple soudanais sont signalés ici et là à travers le monde. Ce qui ne peut que raviver la détermination des manifestants sur place, décidés à continuer à en découdre avec le régime d’Omar el-Béchir.

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Par Trésor Kibangula

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