Madagascar : accusés d’avoir tué un enfant, trois hommes dont deux Européens sont lynchés et brûlés

Soupçonnés d’avoir tué et mutilé un enfant de 8 ans, trois hommes, dont au moins un Français, ont été lynchés, jeudi, sur l’île touristique malgache de Nosy Be. Leurs corps ont été brûlés sur une plage par la foule.

Des villageois poursuivent des tueurs de bétail le 4 septembre 2012 à Anosy (sud de Madagascar). © AFP

Des villageois poursuivent des tueurs de bétail le 4 septembre 2012 à Anosy (sud de Madagascar). © AFP

Publié le 4 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Accusés d’être responsables de la mort d’un enfant, trois hommes ont été lynchés par la foule. Leurs corps, dont au moins un Français, ont été brûlés sur la plage. La scène macabre s’est passée, le 3 octobre, tôt dans la matinée, sur la plage d’Ambatoloaka, la principale station balnéaire malgache de Nosy Be.

Des photos parvenues à l’AFP montrent un bûcher encore fumant où l’on reconnaît des jambes et un torse humains.

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À Antananarivo, la gendarmerie malgache a indiqué que les deux victimes étaient des citoyens français, prénommés Sébastien et Roberto. De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé que l’un des deux Européens au moins était un Français.

Selon des sources sur place, l’autre serait de nationalité italienne, ce que n’a pas pu être confirmé. À en croire un restaurateur italien contacté par l’AFP sur place, il serait plus vraisemblablement italo-français.

"Trafic d’organes"

Jeudi matin, "le corps sans vie du garçon de 8 ans, disparu vendredi, a été retrouvé", sans ses organes génitaux, et sans sa langue, a affirmé l’adjoint du commandant de la gendarmerie nationale, le général Guy Bobin Randriamaro. Selon lui, les deux Européens lynchés ont avoué sous la torture des émeutiers "avoir commis des trafics d’organes". La gendarmerie n’a pas clarifié la nature des soupçons, et n’a pas indiqué si le "trafic d’organes" était lié à un trafic à but médical ou à des pratiques locales de sorcellerie.

Les deux hommes ont été tabassés puis jetés sur un brasier.

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"Ces histoires de trafic d’organes ou de corps découpés ne sont que des rumeurs. Le corps de l’enfant disparu a été retrouvé [le 2 octobre] sur la plage après avoir été ramené par la mer. Il était habillé", a de son côté raconté au journal Le Parisien un Français habitant sur place. Ce témoin dit avoir assisté au lynchage des deux Européens tôt jeudi matin : "J’ai vu une foule énorme arriver, je dirais entre 3 000 et 4 000 personnes, y compris des femmes et des enfants. Les deux hommes ont été tabassés puis jetés sur un brasier. C’est quelque chose d’atroce à vivre. Malheureusement, il était impossible d’intervenir", a-t-il raconté.

"C’est un événement malheureux et regrettable, mais il ne vise en aucun cas ni les touristes ni même les étrangers, mais des individus bien identifiés", a rassuré Vola Raveloson, directrice de l’Office du tourisme de Madagascar, ajoutant que la population locale "connaît l’enjeu d’un maintien de l’ordre sur place".

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Troisième victime

Dans la soirée, et dans une atmosphère d’émeute, quelques hommes ont amené un Malgache dans une Renault 4, l’en ont sorti et ont jeté son corps dans un brasier devant quelque 300 personnes en délire. Il n’était pas possible de savoir si l’homme était encore vivant ou déjà mort lorsqu’il a été jeté au feu, dans un quartier périphérique de Hell-Ville, la petite capitale de l’île.

Les autorités ont envoyé des renforts de gendarmerie sur place pour tenter de calmer les esprits. Le consulat de France a enjoint aux Français de rester confinés à leur domicile où à leur hôtel, faisant état du "risque des violences à Hell-Ville [du 3 au 4 octobre, NDRL]".

Les lynchages publics ne sont pas rares à Madagascar. Des voleurs présumés ou des conducteurs impliqués dans des accidents mortels ont récemment été lynchés et brûlés vifs. Les foules n’hésitent pas non plus à attaquer les commissariats ou gendarmeries pour essayer d’en extraire les criminels présumés et les lyncher.

(Avec AFP)

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