Une étude ouvre la voie à des répulsifs anti-moustiques moins coûteux
Une équipe américaine a identifié les récepteurs olfactifs des insectes qui sont sensibles au DEET, répulsif parmi les plus utilisés au monde contre les moustiques. Une découverte qui ouvre la voie au développement de nouveaux produits aussi efficaces, mais moins coûteux et inoffensifs pour l’homme
"Nos découvertes pourraient déboucher sur une nouvelle génération de répulsifs bon marché qui pourraient protéger les hommes, les animaux et aussi, dans le futur, les récoltes", s’enthousiasme l’entomologiste Anandasankar Ray (Université de Californie, Riverside, États-Unis), principal auteur de l’étude publiée mercredi 2 octobre dans la revue Nature.
Son équipe a examiné systématiquement tous les récepteurs sensoriels d’un type de drosophile (mouche du vinaigre) génétiquement modifiée de façon à ce que les neurones activés par le répulsif DEET s’illuminent en vert fluorescent. Les chercheurs ont ainsi pu établir que les récepteurs impliqués, appelés Ir40a, tapissaient l’intérieur d’une région peu étudiée de l’antenne de l’insecte, le sacculus.
"Jusqu’à présent, personne n’avait la moindre idée des récepteurs olfactifs utilisés par les insectes pour éviter le DEET", a expliqué le Pr Ray. Surtout, son équipe a déjà identifié de nouveaux composés qui agissent sur les mêmes récepteurs et qui pourraient un jour servir d’alternative au DEET. Sur une sélection de huit substituts potentiels au répulsif, qui selon les chercheurs se sont avérés fortement actifs sur les mouches, quatre ont également montré leur efficacité sur le moustique-tigre (Aedes albopictus), une espèce capable de transmettre des maladies telles que la dengue et le chikungunya. Trois d’entre eux sont des agents de saveur et de parfum déjà autorisés par l’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) comme additifs alimentaires.
"Très sûrs pour l’homme"
"Ils sont très sûrs pour l’homme, ne dissolvent pas les plastiques et sont très efficaces comme répulsifs anti-insectes", a assuré l’entomologiste. "Notre rêve est qu’ils soient suffisamment abordables pour être utilisés pour la prévention en Afrique, en Asie, en Amérique latine, des régions du monde qui souffrent énormément de maladies transmises par les moustiques et autres insectes et où le DEET n’est pas utilisé parce que trop cher", a-t-il déclaré.
Introduit à la fin des années 40 par l’Armée américaine, le DEET, ou diéthyltoluamide, est un composé chimique présent dans de nombreux répulsifs aujourd’hui sur le marché, ces produits qui repoussent les insectes et jouent un rôle important dans la prévention de maladies comme le paludisme, le chikungunya, la dengue ou le virus du Nil. Mais il reste trop coûteux pour être utilisé dans des régions aux populations pauvres, comme l’Afrique, où des centaines de millions de personnes souffrent pourtant de maladies transmises par les insectes.
Malgré son efficacité, le DEET présente d’autres inconvénients. Il est capable de dissoudre les plastiques et les tissus synthétiques et peut donc endommager lors de son application cadrans de montres ou branches de lunettes. Ce produit a aussi été suspecté de neurotoxicité chez les mammifères, tandis que d’autres travaux s’inquiètent du développement de résistances chez les moustiques.
(Avec AFP)
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