Zambie : ouverture du procès de 70 séparatistes pour haute trahison
Un grand procès pour séparatisme a débuté mercredi en Zambie. Plus de 70 partisans d’une sécession du Barotseland sont jugés pour haute trahison et encourent la peine de mort.
Le procès le plus important de ces dernières années dans les annales judiciaires zambiennes s’est ouvert mercredi 2 octobre au tribunal de Mongo, à environ 600 km de la capitale Lusaka. Plus de 70 partisans d’une sécession de la province du Barotseland (Ouest) doivent comparaître pour haute trahison et sont passibles de la peine de mort.
Les prévenus, pour la plupart issus de la tribu des Lozi, ont été arrêtés en août lors d’un vaste coup de filet contre le mouvement indépendantiste de cette province pauvre, ancien protectorat britannique et rattachée à la Zambie en 1964 lors de la décolonisation. Parmi les accusés, certains avaient été arrêtés pour avoir hissé le drapeau rouge et blanc du Barotseland, ainsi que pour avoir chanté des chansons dénonçant le gouvernement.
Clement Sinyinda, ancien vice-ministre de l’Éducation et chef coutumier local (Ngambela ou Premier ministre) également poursuivi pour haute trahison, sera jugé séparément. "M. Sinyinda est accusé de haute trahison et comparaîtra le 10 octobre, les autres comparaissent le 2", a précisé le chef de la police provincial Lombe Kamukoshi.
Des tensions qui remontent à l’Indépendance
Le Barotseland, où vit principalement l’ethnie des Lozi, est un ancien royaume africain devenu protectorat britannique du temps de la Rhodésie du nord. À l’indépendance de 1964, il est devenu une province de la Zambie.
Selon un accord avec le premier président zambien, Kenneth Kaunda, la région devait bénéficier d’un régime de gouvernement local permettant une certaine autonomie mais les Lozi affirment que cet accord, important pour la distribution des terres, n’a jamais été respecté. Ils accusent Lusaka de négliger le développement de la région, alors que la Zambie est le premier producteur de cuivre africain.
Les tensions indépendantistes au Barotseland sont restées en sommeil jusqu’aux années 1990, mais ont repris depuis l’arrivée au pouvoir en 2011 du président Michael Sata.
En janvier 2012, la police avait interrompu une réunion publique de militants en tirant à balles réelles, provoquant une émeute qui s’était soldée par la mort de deux personnes dans la ville de Mongu.
"C’est une triste affaire que ces gens aient été arrêtés et accusés de trahison", commente Brebner Changala, un militant zambien des droits de l’homme, qui estime que le président Sata a tort de sous-estimer le problème.
"Le dialogue est le seul moyen de sortir de l’impasse…il devrait en prendre l’initiative. La question mérite d’être traitée avec doigté, M. Sata ne devrait pas la banaliser", a-t-il dit.
En mars 2012, le roi du Barotseland, le litunga Lubosi II Imwigo, avait officiellement demandé l’indépendance de la province. Le président avait refusé, estimant que toute concession faite à la tribu Lozi risquait de créer un précédent, dans un pays qui compte plus de 70 groupes ethniques.
(Avec AFP)
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