Soudan : nouveaux heurts à Khartoum entre manifestants et policiers
La situation restait explosive, vendredi, à Karthoum où de nouvelles manifestations à l’appel de militants réclamant la démission du président, Omar el-Béchir, étaient dispersées par la police.
La police soudanaise a dispersé à coups de gaz lacrymogènes les manifestants qui défilaient, vendredi 27 septembre, à la sortie des mosquées, à Khartoum et ses environs, réclamant la démission du président Omar el Béchir. "Notre marche est pacifique", ont répondu les manifestants aux premiers tirs de grenades lacrymogènes. Certains ont déployé un drapeau géant du Soudan et entonné l’hymne national. D’autres ont mis le feu à des pneus aux intersections de la principale artère.
Auparavant, les forces de sécurité avaient dispersé de petites manifestations qui s’étaient formées dans plusieurs ruelles de cette même ville. Après avoir fui les assauts de la police, ces manifestants se sont joints à la grande marche sur l’avenue principale.
La police a également tiré des grenades lacrymogènes à Khartoum Bahri, au nord de la capitale, et dans les parties sud et est de la ville, pour tenter de disperser des défilés similaires, réunissant chacun plusieurs milliers de personnes, ont indiqué des témoins.
La télévision d’État et le gouverneur de Khartoum avaient averti que la police empêcherait "toute atteinte à la sécurité, aux biens et aux personnes"
Plusieurs organisations, dont le parti Oumma de l’ex-Premier ministre et figure de proue de l’opposition, Sadek Al-Mehdi, ont appelé à manifester. Dans un communiqué, "l’alliance des jeunes de la révolution soudanaise", qui contribue à l’organisation de la contestation sur les réseaux sociaux, a demandé "au peuple soudanais de poursuivre sa révolution", réclamant "la démission du chef de l’État (…) ainsi que du gouvernement corrompu".
Manifestations de masse
Depuis lundi, Karthoum est sous haute tension. En cause, la décision du gouvernement de lever des subventions sur les carburants. Les Soudanais ont manifesté en masse dans plusieurs régions et les protestations ont par endroits dégénéré avec des heurts et des biens publics et privés attaqués.
La police était intervenue pour disperser les manifestants dans plusieurs régions à l’aide de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, selon les témoins.
African Centre for Justice and Peace Studies et Amnesty International ont accusé les forces de sécurité d’avoir délibérément tiré sur les manifestants et fait état de 50 morts à travers le pays. La plupart sont des civils tués par la police, ont précisé témoins et proches. Des sources hospitalières et la police affirment de leur côté que 29 personnes ont péri.
Les deux ONG ont exprimé leur "profonde inquiétude" sur les informations faisant état de l’arrestation de centaines de manifestants. "Tirer pour tuer – en visant notamment la tête et la poitrine – est une violation flagrante du droit à la vie, et le Soudan doit immédiatement cesser cette violente répression", a estimé Amnesty International.
Cherchant à museler la presse, les autorités ont saisi ou empêché de paraître trois journaux, pourtant pro-gouvernementaux, pour maintenir le black-out sur les manifestations, ont indiqué des journalistes. Il s’agit des quotidiens Al-Soudani, Al-Majhar Al-Siassi et Al-Watan.
(Avec AFP)
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