Assassinat d’Éric Lembembe : le gouvernement camerounais veut-il enterrer l’affaire ?
À l’ONU, le 20 septembre, le Cameroun a rejeté en bloc, à l’exception d’une seule, toutes les recommandations qui lui avaient été adressées au sujet des droits de l’homme. Pour son ambassadeur aux Nations unies à Genève, Anatole Nkou, le militant pour les droits des homosexuels, Éric Lembembe, torturé et assassiné le 15 juillet dernier, ne serait qu’un criminel tué lors d’un « règlement de comptes ».
C’est ce qu’on appelle un mauvais signal. Alors que les associations des droits de l’homme réclament à cor et à cri justice pour le meurtre d’Éric Lembembe, militant LGBT retrouvé mort le 15 juillet dernier, les autorités camerounaises ont répondu à leur manière, vendredi 20 septembre, aux Nations unies, à Genève.
Le représentant du gouvernement, Anatole Nkou, a en effet déclaré qu’Éric Lembembe était peut-être un criminel qui aurait été tué lors d’un "règlement de comptes", alors que les autorités n’ont toujours pas identifié le moindre suspect, deux mois après l’assassinat. Des propos qui ont aussitôt alerté les ONG de défense des droits de l’homme.
"Ces commentaires d’un représentant officiel de l’État à l’égard du regretté Éric Lembembe, qui n’est plus en mesure de se défendre contre ce genre de propos au vitriol, constituent une nouvelle bassesse de la part du gouvernement camerounais", a fustigé Neela Ghoshal, chercheuse sur les droits LGBT à Human Rights Watch. "Le Cameroun devrait se concentrer sur l’amélioration de son bilan en matière de droits humains devant l’ONU, plutôt que d’accuser les victimes et de décliner toute responsabilité", a-t-elle ajouté.
Le Cameroun vent debout
Mais les autorités camerounaises ne semblent pas décidées à suivre ce conseil. Toujours le 20 septembre, à Genève, alors qu’Anatole Nkou proposait sa version de l’assassinat d’Éric Lembembe, elles ont rejeté en bloc toutes les recommandations des États membres du Conseil des droits de l’homme concernant la nécessité de mettre fin aux violences, aux discriminations et aux arrestations arbitraires subies par les homosexuels et les transgenres.
>> Lire aussi : "Pour que le calvaire d’Éric Lembembe ne soit pas vain"
Dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU) du Cameroun, réalisé tous les quatre ans par les États-membres du Conseil des droits de l’homme, quinze pays avaient formulé des recommandations. Dont une seule a été acceptée, celle de la Belgique d’enquêter sur les violences commises par la police contre des personnes sur la base de leur orientation sexuelle.
Une petite victoire au milieu d’une série de défaites. Le Cameroun a notamment rejeté des recommandations qui l’incitaient à mettre fin aux arrestations arbitraires pour relations sexuelles entre personnes du même sexe. Depuis le début de 2013, au moins six personnes ont été condamnées pour homosexualité. Mais aucune d’entre elles n’a été arrêtée pendant un acte sexuel.
Par Mathieu OLIVIER
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