Guinée : qui veut déstabiliser le régime d’Alpha Condé ?

D’après des notes des services de renseignements français et américains, consultées par l’hebdomadaire satirique « Le Canard Enchainé », des opérations de déstabilisation du régime du président Alpha Condé seraient actuellement en préparation en Guinée.

Le président guinéen, Alpha Condé. © Vincent Fournier/J.A.

Le président guinéen, Alpha Condé. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 25 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour àle 27/09 à 11h00

La situation sécuritaire en Guinée inquiète la CIA et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), rapporte, mercredi 25 septembre, l’hebdomadaire satirique français Le Canard Enchainé. Une note des services de renseignement français, consultée par le journal, fait état "de sérieux risques d’opérations en cours, tendant à déstabiliser l’État guinéen". Selon la DGSE, ces "opérations" consisteraient à "inciter la police et les forces armées à recourir à la force [lors de grandes manifestations] et ainsi créer des martyrs".

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Le document de la CIA s’inquiète également de possibles "violentes manifestations à Conakry et dans d’autres villes" en marge des élections législatives". Ce contexte pourrait "servir de couverture à des opérations ciblées, menées par des mercenaires". Le scrutin du 28 septembre, initialement prévu mardi 24 septembre, a été reporté à la suite de tractations entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de la communauté internationale. Dimanche et lundi, des incidents ont opposés des partisans du Rassemblement du peuple guinéen (parti présidentiel) et de l’UFDG, faisant un mort et plus de 70 blessés, selon un bilan officiel.

Un homme d’affaires soupçonné

Les services français et américains n’en ont pas la preuve, mais ils soupçonnent le milliardaire franco-israélien, Beny Steinmetz, d’être derrière cette tentative de déstabilisation. L’homme d’affaire, à la tête du groupe éponyme Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), est en conflit avec les autorités de Conakry qui l’accusent de corruption. En jeu, le gisement du Simandou estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Le 19 avril, deux employés de BSGR ont été arrêtés : Ibrahima Sory Touré, vice-président et directeur des relations publiques de la société et frère de Mamadie Touré, l’épouse de l’ancien président Lansana Conté, qui vit actuellement aux États-Unis, et Issaga Bangoura, responsable de la sécurité. Selon la justice guinéenne, ces arrestations s’inscrivent "dans le cadre d’une enquête pénale multi-juridictionnelle en cours sur l’acquisition par la société BSGR de droits relatifs aux blocs 1 et 2 du gisement de Simandou".

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La CIA et la DGSE lient le controversé Beny Steinmetz à un groupe de trois mercenaires, Victor Nassar, Patrick Klein et Steve Bokhobza. "Les trois hommes, explique le note américaine, ont contribué à la création d’un mouvement guinéen bidon, le Parti national pour le renouveau", écrit Le Canard. Ce parti, "sans doute sponsorisé par BSG", a écrit dans son mémorandum qu’il laisserait à la société de Benny Steinmetz ses droits d’exploitations de Simandou, "en cas de participation au gouvernement".

"Monsieur Beny Steinmetz et la société BSG s’insurgent contre la manipulation de l’information à laquelle il est ainsi procédé, alors que l’intégralité des accusations du Canard Enchaîné est factuellement fausse et diffamatoire", a réagi la société israélienne dans un communiqué. "Il s’agit là d’une entreprise de désinformation et de calomnie dont on peut s’interroger sur les  commanditaires et les bénéficiaires." Dans ce document diffusé, jeudi, BSGR annonce son intention de "poursuivre le Canard Enchaîné devant le Tribunal correctionnel de Paris".

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"La Guinée est en danger"

Interrogé, mercredi, lors d’une rencontre avec une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie, le ministre guinéen de la Sécurité, Madifing Diané, a d’abord décliné tout commentaire. "Ce sont des services plus structurés que les miens, la CIA et les services français, qui font allusion à ça", a-t-il simplement dit. Avant de préciser : "La Guinée est en danger et la ficelle est tirée à partir de l’extérieur."

Madifing Diané a mis en cause, sans les nommer, des membres de l’alliance formée autour de l’Union des forces démocratique de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo. Selon le ministre, il y a "des hommes politiques de l’UFDG qui sont à l’étranger, orientent et manipulent" des membres de l’opposition, semblant toutefois disculper Cellou Dalein Diallo et certains de ses dirigeants alliés.

"Le président de l’UFDG et ses alliés ont appelé à la retenue, en affirmant que ceux qui sont dans la rue ne sont pas des militants de leurs partis. Ce sont des loubards qui font tort à leur peuple", a précisé Madifing Diané.
 

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