Italie : 17 pays européens soutiennent Cécile Kyenge face à la montée du racisme

Lundi 23 septembre, dix-sept pays européens ont apporté leur soutien à la ministre italienne de l’Intégration et de la Jeunesse, d’origine congolaise, Cécile Kyenge. Qui subit depuis sa nomination de multiples attaques racistes.

Cécile Kyenge, ministre de l’Intégration italienne, d’origine congolaise. © AFP

Cécile Kyenge, ministre de l’Intégration italienne, d’origine congolaise. © AFP

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Publié le 24 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Si les États africains sont remontés contre le statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale, ils devraient voir d’un meilleur œil la "Déclaration de Rome". Lundi 23 septembre, 17 pays européens* ont apporté leur soutien à la ministre italienne Cécile Kyenge, cible d’insultes racistes, à travers une "Déclaration de Rome". "Stop au racisme, il faut réaffirmer les valeurs européennes", ont-il souligné, estimant qu’il fallait faire "quelque chose tout de suite pour dire ‘ça suffit, c’est inacceptable’", selon les mots de Joëlle Milquet, vice-Premier ministre belge à l’origine de l’initiative.

"Je suis très choquée, en tant que femme et démocrate, de voir qu’en 2013 on peut encore insulter une ministre", a réagi Mme Milquet, qui a observé, "dans tous les pays européens, une poussée des partis d’extrême droite, qui s’assument ainsi et d’autres qui se cachent en parlant de préférence nationale ou en stigmatisant les personnes d’origine étrangère ou leur confession".

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>> Lire le texte de la "Déclaration de Rome"

De son côté, le ministre grec de l’Intérieur, Ioannis Michelakis, venu spécialement à Rome pour "soutenir la ministre", a souligné "l’engagement de (son) pays contre le racisme, la xénophobie et les discriminations". Selon lui, Athènes a entrepris une lutte "pour écraser le parti néonazi Aube Dorée derrière lequel se cache une organisation criminelle de type paramilitaire".

"La Grèce n’est pas un pays raciste", a-t-il souligné, appelant l’Europe à intervenir face au "malaise social créé par la crise et (à) la montée en flèche du chômage". La Déclaration de Rome appelle ainsi les États membres et la Commission européenne à préparer au plus vite un "Pacte 2014-2020 pour une Europe de la diversité et de la lutte contre le racisme".

Climat européen

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Cécile Kyenge, si elle a apprécié l’initiative, a cependant tenu à préciser que "le problème ne concern[ait] pas qu[‘elle]". Selon elle, son cas fait "ressortir des questions qui semblaient révolues et sont en train de ressurgir. (…) L’Europe est également faite de personnes dont la couleur de peau est différente, dont l’appartenance religieuse est différente, elle est faite de gens qui sont nés à l’étranger, mais qui ont choisi ce continent", a-t-elle rappelé.

>> Lire aussi : "Italie : Roberto Calderoli, un expert ès racisme face à Cécile Kyenge" et "Italie : la ministre Kyenge essuie de nouvelles insultes racistes"

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De fait, la lettre ouverte signé par les 17 ministres européens prend tout son sens dans le climat empreint de racisme anti-Roms qui règne actuellement en Europe, et notamment en France, alors que la campagne pour les municipales 2014 est d’ores et déjà lancée. Interrogée sur ITélé, mercredi 18 septembre, au sujet de ses propositions pour la sécurité, Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) à la maire de Paris, avait ainsi lancé : "J’ai l’impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens". Accusée de stygmatiser une population et de chasser sur les terres du Front national (FN), celle-ci a ensuite persisté en évoquant son souhait de rétablir les arrêtés "anti-mendicité agressive", comme partie d’un "dispositif qui vise à terme l’expulsion" de "bandes de Roms" qui cherchent à "dépouiller" la population.

"Haine de l’autre"

"Les partis populistes prennent de l’ampleur dans de nombreux pays européens et leurs messages sont empreints d’idées xénophobes, nationalistes et protectionnistes", insiste la "Déclaration de Rome". "Certains partis politiques au sein de l’Union européenne expriment ouvertement leur haine de l’“autre”, qu’il soit rom, juif ou musulman, bref à l’égard de tout individu qui diffère de la norme", ajoute le texte.

Depuis sa nomination, Cécile Kyenge est peu à peu devenue le symbole de la lutte contre le racisme et la xénophobie dans les pays européens. Née en RDC, arrivée en Italie à l’âge de 18 ans, la ministre a souffert de nombreuses attaques, étant qualifié d’"orang-outan" ou encore de "singe noir". Une élue de Ligue du Nord est même allée jusqu’à appeller à la violer. La ministre paie, en quelque sorte, sa volonté de réformer l’attribution de la nationalité en Italie, voulant intégrer davantage le droit du sol en faveur des enfants d’immigrés nés sur le territoire.

*Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Italie, Grande-Bretagne, Grèce, France, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède

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Par Mathieu OLIVIER

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