Maroc : la grogne sociale monte contre le gouvernement Benkirane
Des milliers de personnes ont manifesté, dimanche 22 septembre, à Rabat, contre la vie chère et le gouvernement islamiste d’Abdelilah Benkirane. La récente augmentation du prix des carburants et des produits de consommation courante fait monter la colère populaire au Maroc, où diverses mobilisations sociales sont prévues dans les jours à venir.
La fronde monte au Maroc. Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, dimanche 22 septembre, à Rabat, pour protester contre l’augmentation des prix des carburants ou de produits courants comme le lait. Le gouvernement dominé par les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) n’a pas été épargné et les protestataires ont scandé de nombreux slogans hostiles au Premier ministre Abdelilah Benkirane.
Le rassemblement, qui s’est déroulé dans le calme, pourrait marquer le coup d’envoi de diverses mobilisations sociales dans le royaume chérifien. Les transporteurs, en première ligne, ont ainsi menacé d’entreprendre une grève de 72 heures à compter de lundi si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
Dimanche, les manifestants – des travailleurs, des familles, mais aussi beaucoup de jeunes -, avaient répondu à l’appel du syndicat UGTM, proche de l’Istiqlal, parti conservateur qui a claqué la porte de la coalition gouvernementale il y a quelques mois.
"On ne veut plus de Benkirane"
"Nous manifestons contre les produits qui deviennent trop chers, le lait, la viande et maintenant l’essence. Et il n’y a pas de travail. On ne veut plus de (Abdelilah) Benkirane, il n’a rien fait", a indiqué un manifestant, Hassan Marrakchi, 48 ans. "On est là pour que la situation change. Il faut augmenter les salaires. Surtout que la hausse des prix, ça devient trop !", a renchéri Redouane Moutahader, 44 ans, venu de Casablanca.
Selon la presse locale, le patron de l’Istiqlal et maire de Fès (centre), Hamid Chabat, avait affrété des centaines de bus pour acheminer les manifestants dans la capitale. "C’est un message clair adressé au gouvernement qui doit absolument revenir rapidement sur ses décisions (…). Nous appelons à des grèves dans toutes les villes et les campagnes du Maroc", a déclaré Hamid Chabat lors de ce rassemblement.
Hausse des prix à la pompe
Le gouvernement emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD), qui doit contenir un déficit ayant atteint 7,3% du PIB en 2012, a décidé d’indexer de manière partielle et limitée les prix des carburants sur les cours internationaux. Entrée en vigueur mi-septembre, cette décision a aussitôt entraîné une hausse de 5% à 8% des prix à la pompe. Elle est présentée comme le point de départ d’une réforme de la caisse de compensation, qui subventionne à grand frais des produits de base : son coût a explosé, atteignant en 2012 près de 55 milliards de dirhams (4,9 milliards d’euros, 6% du PIB).
"La force de ce gouvernement est de prendre une décision qui n’est pas populaire mais qui doit être prise", a récemment déclaré le ministre en charge de cette réforme, Najib Boulif. Il a annoncé des mesures d’accompagnement, afin de ne pas entraîner une inflation généralisée, notamment via les coûts de transport. D’après le quotidien L’Économiste, une enveloppe de 150 millions de dirhams va ainsi être débloquée à l’attention de 85 000 conducteurs de taxi.
Sur le plan politique, le gouvernement islamiste doit résoudre au plus vite la question de son remaniement, rendu nécessaire à la suite du passage de l’Istiqlal dans l’opposition. Le PJD a trouvé un nouvel allié, le Rassemblement national indépendant (RNI, libéral), mais les tractations, qui durent depuis deux mois, piétinent.
(Avec AFP)
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