Harvard reçoit 15 millions de dollars pour ses « black studies »
La prestigieuse université américaine d’Harvard vient de recevoir la modique somme de 15 millions de dollars pour créer un centre de recherche consacré aux études africaines et africaines-américaines.
Quinze millions de dollars, ce n’est pas rien. C’est la somme que le magnat américain du capital-investissement, Glenn Hutchins, vient de donner à l’université d’Harvard pour créer à l’intérieur de cette institution un centre de recherche consacré aux études africaines et africaines-américaines qui devrait porter son nom. À vrai dire, le patron de la firme Silver Lake a donné en tout 30 millions de dollars à Harvard, mais c’est la moitié de la somme qui doit servir à créer le Hutchins Center for African and African American Research, rassemblant plusieurs entités existantes et nouvelles. Existent déjà : le W.E.B Du Bois Research Institute, le Hip Hop Archive and Research Insitute, l’Image of the Black Archive and Library, la Du Bois Review, le Transition Magazine, le Neil L. and Angelica Zander Rudenstine Gallery, la Hutchins Family Library. Seront créées : l’Afro-Latin American Research Institute, l’History Design Studio, le Program for the Study of Race and Gender in Science and Medecine, l’Ethelbert Cooper Gallery of African and African american Art.
Ce beau cadeau, qui confirmera Harvard comme l’une des universités les plus en pointe en matière de "black studies", n’est pas le fruit d’un hasard. C’est le résultat d’une amitié ancienne entre un homme d’affaires blanc de 57 ans et un professeur noir de 63 ans, Henry Louis Gates jr., surnommé "Skip". Auteur, critique, essayiste, documentariste, spécialiste des cultures africaines, il avait défrayé la chronique en 2009 en étant brièvement arrêté par la police alors qu’il tentait de forcer la porte de sa propre maison à Cambridge, dans le Massachusetts. Ayant trop vertement critiqué le comportement du sergent James Crowley, le président Obama avait dû faire machine arrière et l’affaire s’était soldée par ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de "beer summit" ("le sommet de la bière") au cours duquel Obama, Biden, Gates et Crowley avaient levé leur chope en guise d’apaisement…
"Nous aimons les idées et nous aimons construire"
Si Hutchins est diplômé de Harvard et Gates de Yale, les deux hommes se voient régulièrement : ils partent ensemble à la pêche ou déjeunent au Four Seasons de Manhattan. Il y a peu, ils ont tous deux accompagné la mère d’Hutchins aux célébrations du 50ème anniversaire de la Marche sur Washington, puis Gates a emmené le fils d’Hutchins à une rencontre avec le président Obama…
"Nous aimons les idées et nous aimons construire", précise Gates tandis qu’Hutchins souligne que la mise en place du centre au sein d’Harvard "crée une infrastructure au sein du département et des fondations solides sur lesquelles il sera possible de se développer". Sur le plan pratique, le Hutchins Center sera accueilli sur Harvard Square, dans un bâtiment conçu par l’architecte d’origine ghanéenne David Adjaye. Sa création sera officiellement annoncée le 2 octobre, lors de la cérémonie au cours de laquelle Harvard remet ses traditionnelles récompenses – les médailles W.E.B. Du Bois – dans le domaine des études africaines ou africaines-américaines. Seront honorés cette année la conseillère d’Obama Valérie Jarrett, le dramaturge Tony Kushner, le député John Lewis, la juge de la Cour suprême Sonia Sotomayor, le réalisateur Steven Spielberg et David Stern, délégué de la NBA. "Tant qu’existe Harvard, les recherches sur les personnes d’origine africaine existeront. Nous avons créé quelque chose de permanent", se réjouit déjà Gates. Aux États-Unis, les études africaines-américaines sont aussi représentées par Cornel West, qui enseigne au sein de l’Union Theological Seminary et par Kwame Anthony Appiah, qui enseigne à Princeton.
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