Le manga 100% algérien fait un carton
Vous aimez les mangas ? Plus besoin de regarder vers le pays du Soleil levant. Depuis 2008, le DZ manga, entièrement conçu et fabriqué en Algérie, se vend comme des petits pains. Une véritable exception culturelle alors que, partout ailleurs dans le monde, les passionnés vivent encore au rythme des productions du Japon.
"Du dessin au scénario, tout est 100% algérien". Kamal Bahloul, représentant Z-Link au 4e festival Lire en fête, qui s’est déroulé début septembre à Tizi Ouzou, n’est pas peu fier de la réussite du manga algérien. "Nous tirons 3 000 exemplaires par titre. En 2008, 40% du tirage était écoulé contre 70% aujourd’hui", se réjouit-il.
En pleine progression, Z-Link, son entreprise, première maison d’édition de ce type en Algérie, a été fondée en 2007 par Salim Brahimi. Six ans plus tard, elle possède un catalogue d’une dizaine de titres. "On a commencé l’aventure à deux. Maintenant on est près de 30 salariés et nous réalisons chaque année 5% de croissance en moyenne", explique Kamal Bahloul.
Principal symbole de ce succès : le mensuel Laabstore, lancé en 2008 et totalement dédié aux mangas et aux jeux vidéo, dans lequel Z-Link encourage les jeunes mangaka en publiant des extraits de leurs œuvres. De 2 000 exemplaires lors de son lancement, la publication est passée en 2013 à 10 000.
Le mensuel Laabstore, numéro d’août 2012
Du nippon sauce algérienne
La recette ? Le respect des codes nippons du genre : humour, suspense, dessins en noir et blanc, yeux démesurés, gros plans sur les visages, jusqu’à la lecture traditionnelle, de droite à gauche. Mais le DZ manga se distingue dans le choix des scénarios. "Les histoires que l’on traite sont des scènes typiquement algériennes", précise ainsi Sid Ali Oudjiane, auteur de "Victory Road" qui lui a déjà permis, à 28 ans, de remporter trois prix nationaux.
Exemple avec "Samy Kun", un des premiers DZ mangas à grand succès de Yacine Haddad. Le héros est un adolescent de Couscous Town, la soeur jumelle d’Alger, qui devient un élu impliqué dans les problèmes du Sahara algérien.
Déjà un sujet d’étude
Si, malgré son succès, le DZ manga peine encore à permettre à ses auteurs de vivre de leur art, il a cependant commencé à conquérir ses pairs. En janvier 2013, il a notamment été invité au prestigieux festival international de la BD d’Angoulême avant de se faire connaître à la Comédie du Livre de Montpellier en juin dernier.
Consécration suprême, le musée international du manga de Kyoto a présenté des oeuvres algériennes au Japon "non seulement pour les exposer mais aussi pour les étudier", selon Salim Brahimi. Le DZ manga, un sujet d’étude ? C’est déjà le cas aux États-Unis, où une analyse de son influence en Algérie est l’objet d’une thèse de l’université de Philadelphie.
Et ce succès fait des envieux. "Des entreprises,comme Sonelgaz ou Panasonic, font appel à nous pour des illustrations publicitaires", affirme Kamal Bahloul, qui garde malgré tout un seul objectif en tête : "Voir d’ici 20-30 ans, tous les petits Algériens posséder des mangas dans leur bibliothèque".
(Avec AFP)
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