États-Unis et Iran : l’amorce d’un dégel ?

À l’approche de l’assemblée générale de l’ONU, les États-Unis et l’Iran multiplient les signes mutuels d’intérêt. Des gestes encore timides mais qui suscitent l’espoir d’une reprise du dialogue entre ces ennemis jurés depuis un tiers de siècle.

Le nouvel homme fort de l’Iran, Hassan Rohani. © AFP

Le nouvel homme fort de l’Iran, Hassan Rohani. © AFP

Publié le 20 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

La complexité des contentieux, du nucléaire à la Syrie, les données politiques intérieures et les leçons de l’histoire récente justifient l’approche prudente adoptée par l’administration du président Barack Obama face aux ouvertures de son nouvel homologue Hassan Rohani, notent toutefois des experts en relations internationales.

Cette semaine, quelques jours avant de se rendre à New York pour participer aux travaux de l’assemblée générale des Nations unies, M. Rohani a salué sur une télévision américaine le ton positif et constructif de M. Obama, et confirmé qu’ils avaient échangé des lettres après sa propre investiture.

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Il est allé jusqu’à évoquer une possible rencontre avec le dirigeant américain en marge de l’ONU, une perspective encore impensable il y a peu. Washington et Téhéran ont rompu leurs relations diplomatiques après la révolution islamique de 1979.

La Maison Blanche a souligné qu’une telle rencontre n’était pas prévue à l’heure actuelle mais ne l’a pas formellement écartée.

Mardi, M. Obama a déclaré qu’il comptait tester la disposition de M. Rohani, investi le mois dernier, à dialoguer sur le programme nucléaire de la République islamique, sujet de contentieux majeur.

Il y a là une chance pour la diplomatie. J’espère que les Iraniens la saisiront, a-t-il dit. Jeudi, son porte-parole Jay Carney a pris note de beaucoup de choses très intéressantes en provenance d’Iran. M. Rohani s’est même dit prêt à (…) faciliter le dialogue en Syrie entre le régime de Bachar al-Assad, son principal allié dans la région, et l’opposition.

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Mais M. Carney a aussi prévenu que les actes sont plus importants que les mots de la part d’un pays soumis à de sévères sanctions économiques internationales pour son programme nucléaire, soupçonné par les capitales occidentales d’avoir des objectifs militaires.

Déjà vu avec Khatami

M. Rohani, qui a récemment prévenu que son pays ne cèderait pas d’un iota sur ses droits nucléaires, a assuré sur NBC: nous n’avons jamais cherché à obtenir une bombe nucléaire, et nous n’allons pas le faire.

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Les deux pays en sont pour l’instant restés aux déclarations. Et pour Trista Parsi, du groupe de réflexion National Security Network, la libération mercredi de douze prisonniers politiques s’apparente à un geste de la République islamique envers l’Occident sans avoir à (lui) donner quelque chose de substantiel.

M. Obama, lors de sa première campagne électorale en 2008, s’était dit disposé à discuter directement avec les Iraniens s’ils voulaient sérieusement se débarrasser de leur programme d’armes nucléaires, a rappelé jeudi M. Carney. La Maison Blanche estime que ce sérieux n’était pas au rendez-vous de la part du gouvernement du prédécesseur ultra-conservateur de M. Rohani, Mahmoud Ahmadinejad.

Les déclarations récentes de M. Rohani montrent clairement qu’ils (les Iraniens) veulent discuter d’une façon différente de M. Ahmadinejad, remarque l’Américain Karl Inderfurth, ancien diplomate posté à l’ONU et membre du groupe de réflexion CSIS de Washington.

Temps limité

M. Parsi prévient toutefois que la fenêtre pourrait se refermer assez vite: les conservateurs (…) ont reçu l’ordre de laisser Rohani essayer pendant un certain temps. S’il ne parvient pas à démontrer que son approche diplomatique rapportera davantage à l’Iran que les performances théâtrales d’Ahmadinejad, les conservateurs reviendront aux commandes.

Aaron Miller, spécialiste du Moyen-Orient au centre Wilson, remarque en outre que nous avons déjà vu ce genre d’offensive de charme, allusion aux années au pouvoir du président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), qui n’avaient pas débouché sur une percée durable.

L’administration Obama devra faire preuve d’un grand doigté pour ne pas rendre la vie plus difficile au président Rohani à Téhéran, prévient M. Inderfurth, allusion au Guide suprême Ali Khamenei, véritable maître du jeu politique.

Le président américain n’a pas non plus les mains libres, vu l’opposition du Congrès à lever les sanctions contre un gouvernement dont le programme nucléaire est décrit par Israël comme une menace pour son existence, observe pour sa part M. Parsi, en se demandant de quelle flexibilité dispose Washington afin d’offrir des concessions nécessaires pour que l’Iran conclue un accord.

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