Un bastion islamiste repris par les forces de l’ordre égyptiennes près du Caire

L’implacable campagne de répression visant les partisans du président déchu Mohamed Morsi se poursuit en Égypte. Les forces de sécurité ont repris, jeudi, un bastion islamiste près du Caire.

Des policiers patrouillent dans une rue de Kerdassa, le 19 septembre 2013 en Égypte. © AFP

Des policiers patrouillent dans une rue de Kerdassa, le 19 septembre 2013 en Égypte. © AFP

Publié le 20 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Dès l’aube, jeudi 19 septembre, la police et l’armée ont pris d’assaut le village de Kerdassa, à la périphérie du Caire, où les islamistes – des pro-Morsi ou des éléments radicaux – sont très actifs. Onze policiers y avaient été tués le 14 août dans un commissariat, juste après le début de la campagne de répression contre les partisans du président déchu. Au moins 65 personnes ont été arrêtées, dont certaines impliquées dans l’attaque du commissariat, a rapporté l’agence officielle Mena. Selon un responsable de la sécurité, l’objectif est d’arrêter "140 personnes recherchées" et de retrouver les auteurs du "massacre" du commissariat.

D’après la même source, les échanges de tirs "nourris entre les forces de sécurité et les terroristes" dans Kerdassa se sont soldés par la mort du général Nabil Farrah, chef adjoint de la police de la province de Guizeh dont dépend Kerdassa.

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Le 14 août, au moment où soldats et policiers tuaient plusieurs centaines de manifestants pro-Morsi au coeur du Caire sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, les télévisions égyptiennes passaient en boucle les images des corps horriblement mutilés de policiers de Kerdassa. Les médias, quasi-unanimement acquis à la cause de l’armée, dénoncent régulièrement le "terrorisme" des Frères musulmans qui assurent, eux, que leurs manifestations sont pacifiques.

"Nettoyer" le village

"Nous n’arrêterons pas (l’opération à Kerdassa) tant que nous n’aurons pas nettoyé le village de tous les terroristes et criminels", a assuré un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Hani Abdel Latif. Selon lui, les forces spéciales de l’armée sont engagées "dans des combats directs" avec des militants islamistes dans le village où un couvre-feu de jour a été imposé. Des journalistes de l’AFP sur place ont fait état d’échanges de tirs nourris et d’hommes armés tirant sur les policiers depuis des immeubles. Dans l’après-midi, la télévision d’État a diffusé des images de policiers menant des perquisitions et des arrestations.

Lundi déjà, l’armée avait repris sans faire de victimes le contrôle de Delga, une ville de 120 000 habitants dans le centre de l’Égypte, tenue depuis un mois par des pro-Morsi que les autorités accusaient d’avoir brûlé des églises. "Delga et Kerdassa figurent parmi les conséquences les plus néfastes du régime des Frères musulmans", a commenté Hani Abdel Latif.

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Les attaques se sont récemment multipliées en Égypte, allant jusqu’à viser le ministre de l’Intérieur. Signe que la tension est à son comble dans le pays, le trafic a été interrompu dans le métro durant une heure après une alerte à la bombe. Selon un responsable du ministère de l’Intérieur, les deux engins explosifs découverts sur les rails d’une station du sud de la capitale étaient en réalité des "faux", posés dans le but de faire croire à la présence de bombes dans ce réseau fréquenté chaque jour par quelque trois millions de passagers.

Allègement du couvre-feu

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Le gouvernement mis en place par le chef de l’armée et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, a juré d’éradiquer le "terrorisme" qu’il attribue aux partisans de Mohamed Morsi et à la confrérie des Frères musulmans. Des centaines de manifestants réclamant le retour de Morsi ont été tués dans la répression en août, de même que des dizaines de policiers et de soldats dans les heurts et les attaques. Plus de 2 000 membres des Frères musulmans ont en outre été arrêtés, dont la quasi-totalité de leurs chefs.

Depuis le 14 août, l’état d’urgence – dont la levée avait été un des acquis de la révolte populaire de 2011- a été réinstauré pour trois mois, de même qu’un couvre-feu nocturne imposé dans 14 des 27 provinces. Selon le gouvernement, ce couvre-feu sera allégé à partir de samedi et ne s’appliquera plus que de minuit à 05h00, soit deux heures de moins qu’auparavant.

(Avec AFP)

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