Jérôme Cretegny : « L’aide au crédit des PME est une priorité »
La Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale dédiée au développement du secteur privé, a publié le 3 septembre dernier à Dakar les résultats 2013 de ses opérations en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
À l’occasion de la publication des résultats 2013 des opérations de la Société financière internationale (IFC) en Afrique de l’Ouest et centrale, Jeune Afrique s’est entretenu avec le Français Jérôme Cretegny, chargé principal des opérations pour le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Il revient sur les principaux secteurs d’intervention de l’IFC au Sénégal, ses priorités d’intervention pour le nouvel exercice ainsi que les secteurs ciblés.
Jeune Afrique : pour cette année fiscale (du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013) quels sont les secteurs d’intervention où la SFI s’est le plus illustrée ?
Jérôme Cretegny : Pour cette année fiscale, nous étions actifs dans le secteur financier auprès de banques et d’institutions de microfinance, dans l’énergie, les transports et l’agroalimentaire. En ce qui concerne la microfinance, par exemple, nous avons travaillé avec deux partenaires, Microcred et Fides, depuis plusieurs années. Pour Microcred, nous avons participé à une refondation de capital, et d’autre part, nous allons commencer un projet d’assistance technique afin de les aider à étendre leurs activités au-delà des zones urbaines. C’est un programme en partenariat avec Mastercard Foundation, présent au Sénégal et dans d’autres pays sur le continent.
Dans l’énergie, nous avons activement participé au développement de la nouvelle centrale électrique de Tobène, un projet privé de 70 mégawatts (MW) pour 95 millions d’euros et dont la construction est imminente. Ce troisième projet est important : nous avons, par le passé, participé à deux autres projets IPP (des centrales électriques privées), dans le moyen terme, en attendant le développement de projets plus grands de charbon, de gaz… Dans les transports, l’IFC a participé au financement de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio pour 25 millions d’euros et qui a été un grand succès ; c’est notre projet-phare.
Dans l’agroalimentaire, nous avons accompagné en 2011 Patisen, une société agroalimentaire sénégalaise, dans sa croissance locale et régionale. Notre investissement a permis, ces deux dernières années, de tripler son chiffre d’affaires et de doubler son nombre d’employés.
Nous sommes vraiment ouverts au secteur bancaire local car c’est un moyen idéal, pour nous, de pouvoir aider les PME sénégalaises.
Quelles sont vos priorités stratégiques dans vos interventions ?
Ce sont l’aide au crédit des petites et moyennes entreprises (PME) en accompagnant les banques ou les institutions de microfinance, en les finançant ou au travers de l’assistance technique. De même, pour améliorer l’accès au crédit des PME, nous travaillons actuellement avec la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Il s’agit de mettre très bientôt en place, dès la signature de l’accord de partenariat entre la BCEAO et l’IFC, un crédit bureau régional, c’est-à-dire, une espèce de centrale des risques unique au monde et regroupant les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Nous travaillons aussi avec plusieurs banques commerciales comme, par exemple, CBAO-Attijariwafa Bank, Ecobank Sénégal… En outre, nous sommes en discussion avec deux ou trois autres banques, nous sommes vraiment ouverts au secteur bancaire local car c’est un moyen idéal, pour nous, de pouvoir aider les PME sénégalaises.
Quels sont vos nouveaux engagements au Sénégal et le volume de votre portefeuille d’investissement ?
Au Sénégal, notre portefeuille pour cette année est de 75 millions de dollars (38 milliards de F CFA). Pour cette nouvelle année qui a déjà commencé pour nous depuis le 1er juillet, nous espérons augmenter d’une manière significative notre portefeuille ici. Par exemple, nous avons deux projets dans l’agroalimentaire qui, dans leur ensemble, devraient dépasser les dix millions de dollars. Nous avons dans le secteur financier un projet d’un million de dollars et sur lequel nous travaillons. Sans compter le projet Tobène. Côté infrastructures, il y aussi l’extension de l’autoroute jusqu’à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), au sud-est de Dakar et dans lequel nous voulons être impliqués. En termes de nouveaux engagements, nous allons donc dépasser les 50 millions de dollars.
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Propos recueillis par Bintou Bathily à Dakar
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