Afripédia : le jumeau africain de Wikipédia poursuit sa conquête du continent

Rendre l’encyclopédie participative Wikipédia un peu plus africaine. L’objectif du projet Afripédia, lancé à l’été 2012, était ambitieux. Un an plus tard, le bilan est positif : une implantation dans treize pays, des formations régulières et des centaines de contributions pour plus d’1 million d’octets de données…

Une enseignante en formation Afripédia au Mali, à Koulikoro. © Boukary Konaté – fasokan.com

Une enseignante en formation Afripédia au Mali, à Koulikoro. © Boukary Konaté – fasokan.com

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Publié le 23 septembre 2013 Lecture : 0 minute.

Il y a encore un an, Wikipédia s’inquiétait du peu de contributions venues d’Afrique. Dans les articles géographiques, il arrivait même de constater qu’une montagne était décrite alors qu’il ne s’agissait (au mieux) que d’une simple colline. Depuis, le projet Afripédia, lancé à l’été 2012, a bien avancé. Et si Wikipédia n’est pas encore africain, et pas encore parfait, la voix du continent commence à s’y faire entendre.

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En un an, grâce à une centaine de contributeurs plus ou moins réguliers, quelque 300 contenus, sans compter les innombrables corrections apportées aux articles existants, ont été édités via Afripédia, pour plus d’un million d’octets et plus de 100 pages créées, dont environ 70 concernent le continent africain (voir graphique ci-dessous). Un véritable apport, certes pas encore colossal, mais qui favorise l’intégration de la culture africaine à la plateforme.

Les contenus politiques y sont omniprésents. Sur les trente sujets créés au sujet du Mali, par exemple, 28 concernent des personnalités politiques, de Alpha Bocar Nafo à Moussa Sinko Coulibaly, en passant par Diango Cissoko. Pour la Côte d’Ivoire, la disproportion est moins flagrante avec trois sujets politiques, deux articles sur le foutou, un sur la cabine téléphonique cellulaire en Côte d’Ivoire et un dernier sur le transport lagunaire à Abidjan.

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Leadership malien

Si treize pays ont été atteints par Afripédia, le niveau de production reste très inégal. Le Sénégal n’est concerné que par deux sujets, alors qu’il accueillait une formation en mai dernier, tout comme le Niger, où Afripédia est disponible dans les universités de Niamey. Le Mali fait figure d’exemple, avec des formateurs motivés que sont le blogueur Boukary Konaté et Michel Namar, responsable du campus numérique francophone (CNF) de Bamako, qui affirme avoir formé 279 personnes et installé Afripédia à Bamako, Ségou ou encore Katibougou, à 60 km de la capitale.

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Sur le campus de l’université de Bamako, le nombre de connexions à la plateforme est ainsi passé, en un an, d’une dizaine à plus de 200 connexions par jour aujourd’hui. Ce qui n’a pas été sans peine. "Au départ, nous n’avions pas précisé que l’accès était gratuit", raconte Adrienne Alix, responsable du programme chez Wikimédia France. "Or les étudiants ont tellement l’habitude de payer pour avoir accès à ce genre de contenu qu’il préférait au début ne pas y aller".

Objectif langues africaines et smartphones

Loin de Bamako, c’est en RDC qu’Afripédia tente aujourd’hui de se déployer, dans un style un peu différent. "Nous ne pouvions pas vraiment utiliser le wifi, les ordinateurs n’étant pas forcément adaptés et les smartphones étant trop peu nombreux", raconte Adrienne Alix, qui explique avoir "opté pour une installation via un serveur, auxquels les autres ordinateurs accèdent en réseau". Premier équipé, le Centre de documentation de l’enseignement supérieur, universitaire et de Recherche à Kinshasa (Cedesurk), qui a accueilli les participants à la formation de juin 2013, dont des habitants de Kisangani, de Bukavu, de Brazzaville et de Bujumbura, au Burundi.

Afripédia espère développer le contenu en langues swahili, lingala et bakongo, qui ont d’ores et déjà été intégrées à la partie Wiktionnaire de la plateforme.

Depuis, le nombre de connexions a dépassé la barre des 100 000, et toutes les universités du pays ont manifesté leur engouement. Afripédia espère développer le contenu en langues swahili, lingala et bakongo, qui ont d’ores et déjà été intégrées à la partie Wiktionnaire de la plateforme. "Certaines des personnes avec qui nous travaillons redécouvrent que leur langue peut également être utilisée dans une forme écrite", témoigne la responsable du projet, qui espère développer ce multilinguisme en Afrique de l’Ouest également.

Autre piste évoquée, encore en phase de test : adapter la plateforme Wikipédia hors-ligne pour qu’elle soit accessible des téléphones de type Androïd ainsi que des tablettes. Un potentiel de développement énorme, notamment en Afrique de l’Ouest. Déjà assuré d’être financé pour les deux ans à venir, avec le concours de l’Institut français et de l’Agence universitaire de la Francophonie, Afripédia a encore de l’ambition. Dans sa ligne de mire, le Gabon et le Cameroun, où une nouvelle formation, à Yaoundé, est prévue pour le mois d’octobre.

Un Afripédia anglophone, c’est possible ?

Pour le moment, le projet Afripédia s’est focalisé sur la sphère africaine francophone. Mais peut-il s’y limiter ? "Nous avons des demandes de pays anglophones, notamment l’Ouganda", explique Adrienne Alix, expliquant que Wikipédia est pour le moment en échec dans les milieux africains anglophones, faute de réseau suffisamment développé, comme ceux de l’Institut français et de la Francophonie.

"Même si nous décidions d’élargir notre champ d’action aux pays anglophones, nous aurions de toute façon un problème technique qui nous empêcherait d’agir", ajoute la responsable de Wikimédia France. De fait, la version en anglais de Wikipédia est plus lourde que la francophone et aucune technologie de type clé USB proposée par Afripédia ne permet pour le moment de la supporter. Afripédia restera donc, au moins pour un temps, l’apanage de la langue de Molière.

Par Mathieu OLIVIER

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