Mali : en marge de l’investiture d’IBK, la question de l’Azawad
L’investiture en grande pompe d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à Bamako, le 19 septembre, n’est pas que l’occasion d’une grande fête. En coulisses, les représentants de la communauté internationale, des autorités maliennes et des groupes armés du Nord continuent de préparer les prochaines négociations sur la délicate question de l’Azawad.
Du 15 au 17 septembre, des délégations de trois rebellions du nord du Mali, le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), le HCUA (Haut conseil de l’unité de l’Azawad), le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad), ainsi que les représentants de la CMFPR (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance, regroupant les miliciens anti-rebelles de Ganda-Koy et de Ganda-Izo) se sont rencontrés à Bamako. Objet : "amener les groupes armés du nord du Mali à se parler, à échanger et se mettre d’accord sur la nécessité de s’entendre sur les aspirations essentielles des populations qu’ils représentent", selon un document officiel dont Jeune Afrique a eu une copie.
À travers cette réunion informelle initiée par le gouvernement malien, "l’État voulait remettre la main sur le dossier dont une partie est au Burkina Faso (pays médiateur) et une autre partie avec la Minusma, juste avant les rencontres prévues ce 19 septembre, où la communauté internationale est à Bamako" pour l’investitute d’IBK, explique un notable du Nord-Mali ayant pris part au processus de médiation dans le passé. À la fin de ces trois jours de discussions, les différents mouvements ont publié une déclaration conjointe dans laquelle ils réaffirment leur attachement à la patrie, et instaurent"une cellule de contact et de suivi constituée des représentants de tous les groupes armés pour la suite des autres rencontres", selon le document précité.
La base du MNLA se sent trahie par ses délégués
C’est un progrès. Il y a quelques mois, les quatre mouvements armés se faisaient la guerre dans le nord du Mali. "On a évité les sujets qui fâchent comme l’indépendance, l’islamisme radical ou les attaques de civils. Nous avons plutôt parlé de la mauvaise gouvernance, du besoin de justice, du manque de développement… tous les autres maux dont souffre le nord", confie une source ayant pris part à la rencontre.
Mais il y a un revers à la médaille. Car les représentants des groupes armés se réclamant de l’Azawad étaient initialement venus à Bamako pour une rencontre du Comité de suivi et d’évaluation du préaccord de Ouagadougou, qui s’est finalement tenue le 18 septembre avec la Minusma. En jouant le jeu de Bamako, les délégués rebelles se sont attirés les foudres de leur base. "C’est une honte et une haute trahison de nos principes et de nos populations. Ce qui se dessine à Bamako est inacceptable et inadmissible pour nous", déclare à Jeune Afrique Moussa Ag Acharatoumane, membre fondateur du MNLA. Pour les autres leaders du groupe touarègue, les futurs discussions ne peuvent porter que sur l’autonomie de l’Azawad, notamment lors des assises nationales prévues par le président malien Ibrahim Boubacar Keita dans les deux mois.
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Par Baba Ahmed, à Bamako
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