Maroc : des manifestants dénoncent l’emprisonnement du journaliste Ali Anouzla

Entre 100 et 150 personnes ont manifesté mercredi à Casablanca, pour réclamer la libération immédiate du journaliste Ali Anouzla, interpellé la veille à la suite de la diffusion, sur le site d’informations Lakome, d’une vidéo propagandiste d’Aqmi. Un nouveau rassemblement est prévu ce jeudi, à Rabat.

Ali Anouzla a été interpellé le mardi 17 septembre. © DR

Ali Anouzla a été interpellé le mardi 17 septembre. © DR

Publié le 19 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Une centaine de personnes se sont mobilisées, mercredi 18 septembre, à Casablanca, pour apporter leur soutien à Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site d’information Lakome. Interpellé la veille à la suite de la diffusion d’une vidéo d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le Maroc, le journaliste est depuis placé en garde en vue dans les locaux de la police judiciaire.

"Liberté pour Ali Anouzla, arrestation abusive, vive le peuple", ont scandé dans le calme et sans intervention policière les manifestants. L’arrestation d’Ali Anouzla a par ailleurs été condamnée par les ONG Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty international.

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Un des avocats d’Anouzla, Me Naïma Guellaf, a indiqué ne pas avoir obtenu l’autorisation de rencontrer son client – qui pourrait être poursuivi dans le cadre d’une loi antiterroriste – avant vendredi. Un autre rassemblement de soutien est prévu jeudi à Rabat.

Un plume critique contre les autorités

Connu pour ses prises de position critiques envers les autorités marocaines, Ali Anouzla a déjà fait l’objet de poursuites par le passé. Il a été interpellé mardi matin, sur ordre du parquet général, suite à la diffusion par le journal électronique d’une vidéo attribuée à Aqmi comprenant "un appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes dans le royaume", selon le procureur général du roi. Les unités centrales des ordinateurs de la rédaction de Lakome ont notamment été saisies lors de l’interpellation d’Ali Anouzla.

D’une quarantaine de minutes et intitulée "Maroc : le royaume de la corruption et du despotisme", la vidéo d’Aqmi appelle au jihad et fustige la monarchie marocaine. Dans un article qui lui était consacré, Lakome renvoyait sur le site internet d’El Pais, où la vidéo était disponible. Mardi, le gouvernement marocain a annoncé qu’il allait poursuivre le quotidien espagnol et exprimé sa préoccupation auprès de Madrid.

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Dans une déclaration au journal français Le Monde, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a insisté sur le fait qu’elle représentait "une incitation claire (…) à la perpétration d’actes terroristes condamnés et refusés par toutes les composantes de la société marocaine".

Une "atteinte inadmissible au travail d’information"

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Plusieurs partis politiques ont accusé Lakome de servir de tribune à Aqmi. "Il s’agit d’une pratique irresponsable qui n’a aucun lien avec le travail journalistique noble mais épouse et colporte un discours terroriste", a asséné le Mouvement populaire (MP), membre de la coalition gouvernementale.

Dès mardi, la rédaction de Lakome a de son côté exprimé son incompréhension, notant avoir précisé dès le départ qu’il s’agissait d’une vidéo de propagande. Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "une atteinte inadmissible au travail d’information"."Nous craignons qu’Ali Anouzla soit puni pour la ligne éditoriale indépendante et critique de Lakome", a ajouté Amnesty international. "Cette arrestation se déroule dans un contexte plus large de harcèlement et d’intimidation à l’encontre des journalistes qui critiquent les autorités", a poursuivi Amnesty. Les deux ONG ont appelé à la libération immédiate d’Ali Anouzla.

(Avec AFP)

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