CPI : et le premier témoin contre William Ruto s’appelle…
La Cour pénale internationale (CPI) avait pris soin de ne pas divulguer l’identité du premier témoin à charge dans le procès de William Ruto, vice-président du Kenya. Mais, c’était sans compter sur le zèle de certains twittos et médias kényans qui ont choisi, eux, de dévoiler le nom et la photo de celle qui a été présentée, le 17 septembre à La Haye, comme « témoin P0536 ».
Un dérapage sur Twitter ? Un piratage plutôt, se défend Willis Raburu, journaliste de la chaîne de télévision kényane Citizen. C’est en tous cas son compte Twitter qui est à l’origine de la divulgation du nom du premier témoin à charge dans le procès de William Ruto, vice-président du Kenya. Le tweet, envoyé le 17 septembre, a été supprimé depuis, mais la polémique ne fait qu’enfler.
La Cour pénale internationale (CPI) avait pourtant pris des dispositions pour que l’identité du témoin ne soit pas divulguée. La femme qui a fait mardi à La Haye sa déposition devant les juges sur le massacre dans l’église de Kambiaa (Eldoret), était présentée comme "témoin P0536". Sa voix a été modifiée et son visage flouté lors de la retransmission vidéo de son témoignage.
Seulement voilà, la twitosphère kényane s’était vite enflammée autour de l’affaire. Et, au détour d’une conversation sur le site de micro-blogging, le journaliste Willis Raburu lâche : "le témoin 536 (x [il cite son nom complet, NDRL]) a livré un témoignage similaire à celui qu’elle avait donné devant le tribunal de Nakuru [ancienne capitale de la province de la Vallée du Rift au Kenya, NDRL]. Sa déposition avait été rejetée."
"Affaire Witness 536"
Quelques minutes plus tard, blogs et médias en ligne kényans ont repris la nouvelle avec plus de détails. Une photo présentée comme celle du "témoin P0536" a été publiée. Une situation qui n’est pas du tout de nature à rassurer les prochains témoins. "Il va être difficile de [leur] assurer qu’ils sont en sécurité ainsi que leurs familles", a reconnu Beryl Aidi, porte-parole de la Commission kényane des droits de l’homme.
Amnesty International s’est dit extrêmement préoccupée par cette affaire. Si ces informations s’avéraient correctes, "elles constitueraient une sérieuse violation d’un ordre de la CPI interdisant de publier le nom du premier témoin", a affirmé Sarah Jackson, responsable Afrique adjointe de l’organisation internationale de défense des droits de l’homme, appelant la CPI et le Kenya à prendre les mesures nécessaires pour protéger les témoins et leurs familles.
En attendant, ce sont désormais des messages de soutien qui affluent sur Twitter, accolés au hashtag #Witness536 (témoin 536), pour saluer le "courage" de celle "qui a n’a pas cédé aux intimidations", en acceptant d’aller témoigner contre l’actuel vice-président de la république. Alors qu’un tiers des témoins prévus dans le procès William Ruto se sont déjà désistés.
#Witness536 is a heroine, she did succumb to intimidation efforts by the defense, i salute her
— Ex-Chequer® Kebaso™ (@Kebasod) September 18, 2013
Certains twittos vont jusqu’à demander désormais l’ouverture d’une enquête pour identifier la personne qui a dévoilé le nom du "témoin P05363" et engager des poursuites judiciaires à son encontre. S’achemine-t-on vers une "affaire Witness 536", en marge du procès Ruto ?
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Par Trésor Kibangula
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