Développement : Cécile Kyenge star d’un sommet en Colombie sur le rôle de la diaspora africaine
Après le Nigeria et le Sénégal, le « Sommet mondial des maires et dirigeants africains et de descendance africaine » tient sa troisième édition du 12 au 18 septembre en Colombie. Où la ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge, a été accueillie en vedette.
Que pèse la diaspora africaine ? Quel est son rôle ? C’est sur ces questions que les participants du "Sommet mondial des maires et dirigeants africains et de descendance africaine", planchent à Cali, en Colombie, depuis le 12 septembre. Parmi les quelque 2 000 personnes présentes, deux invités de marque : l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki (1999-2008) et la ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge, qui lui a ravi la vedette.
Première ministre noire de son pays, cette ophtalmologiste de 48 ans, originaire de l’ex-Zaïre, a été visée par de multiples actes et insultes racistes depuis sa nomination. Mais elle a toujours gardé son calme et sa dignité, assurant qu’il était possible de "changer cette culture" qu’elle assimile à un "manque de mémoire".
"Je dois être forte (…) afin d’apporter des solutions aux immigrés qui décident de rester en Italie et pour faire comprendre aux Italiens que l’immigration et la diversité sont de bonnes choses pour un pays, pour sa politique, pour son économie", a-t-elle déclaré à l’AFP en marge du sommet dont les deux premières éditions se sont tenues au Nigeria et au Sénégal.
Aider au développement de l’Afrique
Le choix de la Colombie pour accueillir cette 3e rencontre n’est pas arbitraire : il s’agit du second pays d’Amérique latine (après le Brésil) comptant la plus forte communauté d’origine africaine, soit plus de 20% d’une population de 47 millions d’habitants. Le sommet doit d’ailleurs s’achever symboliquement le 18 septembre à Carthagène, l’ancien port des Caraïbes où s’effectuait la traite des esclaves, en présence du révérend et activiste américain Jesse Jakson.
"Le défi pour la diaspora africaine, cette combinaison de communautés très anciennes qui sont sorties du continent comme esclaves et d’autres plus récemment, c’est de pouvoir aider au développement de l’Afrique", a expliqué Kim Butler, professeur d’histoire à l’université américaine de Rutgers. Une coopération qui passe évidemment par les envois d’argent par les travailleurs expatriés, mais aussi par "des formes plus originales et efficaces", comme un lobbying en faveur de l’Afrique.
Le vice-président colombien Angelino Garzon lors de l’ouverture du sommet, le 12 septembre 2013 à Carthagène, en Colombie. © Joaquin Sarmiento
Survie dans l’adversité
"La diaspora est clé pour aider l’Afrique a établir des relations à l’ère du post-colonialisme", a ajouté le représentant de l’Unesco, Ali Mousse, responsable des politiques et des échanges culturels à l’Unesco. Lequel souligne également que la présence d’une "diaspora forte" en Amérique latine, notamment au Brésil ou en Colombie, peut être utile afin de développer des "relations directes avec l’Afrique, sans l’intermédiaire des grandes puissances".
"Toute relation avec l’Afrique reflète notre identité. C’est pourquoi le soutien de chaque personne d’ascendance africaine au développement vient de qu’elle souhaite assumer son identité", ajoute Mme Butler. Mais pour elle, "cela n’est possible que si le fait d’être noir est perçu plus comme un signe de survie dans l’adversité et moins comme un synonyme d’esclavage et de souffrance".
(Avec AFP)
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