RDC : soeur Angélique Namaika reçoit le prix Nansen du HCR pour l’aide aux réfugiés
Le prix Nansen remis par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a été attribué à sœur Angélique Namaika. Cette Congolaise de 46 ans recueille depuis 2003 des femmes en perdition dans le nord-est de la RDC.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé, mardi 17 septembre, qu’il attribuait la distinction Nansen pour les réfugiés à sœur Angélique Namaika, une Congolaise qui travaille dans la région isolée du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) auprès de femmes souvent victimes de sévices infligés par des groupes armés.
Sœur Angélique, 46 ans, dirige le Centre pour la réintégration et le développement de Dungu, dans la Province orientale, région minière tourmentée par des milices. Depuis 2003, elle a recueillie plus de 2 000 femmes et jeunes filles qui avaient été chassées de chez elles et brutalisées, notamment par l’Armée de résistance du seigneur (LRA) de Joseph Kony, recherché par la Cour pénale internationale (CPI). Beaucoup de pensionnaires du centre témoignent d’enlèvements, de travail forcé, de coups, de meurtres ou de viols. En plus de ces violences, nombre de ces femmes ont été ostracisées par leurs propres familles et communautés.
"Une héroïne"
"Sœur Angélique travaille sans relâche pour aider des femmes et des jeunes filles rendues extrêmement vulnérables par le traumatisme, la pauvreté et le déracinement. Les obstacles sont de taille et son œuvre n’en est que plus remarquable ; [elle] ne laisse rien se mettre en travers de sa route", a témoigné António Guterres, le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés.
Sœur Angélique, qui a elle-même été déracinée lors de violences en 2009 avant de revenir à Dungu, met en œuvre une approche personnalisée, aidant les femmes à apprendre un métier, à créer une entreprise ou à retourner à l’école. Les protégées de la religieuse, qui la surnomment respectueusement "mère", ont ainsi obtenu des résultats remarquables.
"Sœur Angélique montre qu’une personne peut à elle seule changer la vie des familles déchirées par la guerre. C’est une véritable héroïne", commente M. Guterres.
"Jésus est passé partout en faisant le bien. Il n’avait pas le temps de se reposer, alors moi-même, je dois toujours me mettre debout", explique la bienfaitrice. Issue de la communauté des sœurs augustines, elle voue sa vie au service des malades.
Rencontre avec le pape
Une dotation de 100 000 dollars accompagne le prix, qui porte le nom de l’explorateur norvégien Fridtjof Nansen. La religieuse a fait savoir que cet argent "signifie que davantage de personnes déplacées à Dungu pourront recevoir l’aide dont elles ont besoin. Je ne cesserai jamais de faire tout ce que je peux pour leur redonner espoir et leur offrir la chance de revivre". Sœur Angélique recevra sa distinction lors d’une cérémonie à Genève le 30 septembre. Elle se rendra ensuite le 2 octobre auprès du pape François à Rome, avant de participer à des réunions à Bruxelles, Paris et Oslo.
On estime que depuis 2008, dans la Province orientale, 320 000 personnes ont été forcées à fuir, parfois à plusieurs reprises, selon un rapport du HCR et l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC). Le territoire de Dungu est le plus touché, avec 110 000 déplacés.
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