RDC : un sous-officier arrêté par l’armée rwandaise à la frontière
À la frontière entre la RDC et le Rwanda, un incident impliquant l’armée rwandaise et un sous-officier congolais (RDC) s’est déroulé dimanche. Alors que les autorités congolaises dénoncent un kidnapping, l’armée rwandaise affirme avoir arrêté un homme lourdement armé.
Selon le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu – dont Goma est la capitale- , le sergent Mulanga Kusakala, arrêté par l’armé rwandaise, est originaire de la province du Bandundu (Ouest) et il est détaché dans la 10e région militaire, à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (Est).
"Le sergent Mulanga Kusakala revenait d’une visite de famille et, pendant qu’il se baladait dans la zone neutre, trois policiers rwandais lui ont sauté dessus et l’ont tiré du côté rwandais", a-t-il déclaré, dimanche 15 septembre.
"C’est un kidnapping (…) Il était dans la zone neutre, pas au Rwanda. C’est la population qui a alerté les autorités. (…) La tension est vive au niveau de la population, on essaie de la calmer car pour elle, il s’agit d’une provocation", a-t-il ajouté, précisant que la zone neutre est une rue de 5 à 7 mètres de longueur qui marque la frontière entre les deux pays. Il a enfin annoncé que le Mécanisme conjoint de vérification (JVM, Joint Verification Mechanism), chargé de surveiller la frontière, allait s’occuper du dossier.
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Dans un communiqué publié dimanche soir, l’armée rwandaise a affirmé, quant à elle, que le sous-officier congolais en question "avait été arrêté (…) par les forces de sécurité dans la ville (rwandaise) de Rubavu (…) menant des activités éminemment suspectes." Rubavu (nouveau nom de Gisenyi) est une localité jumelle de Goma, dont elle n’est séparée que par la frontière entre la RDC et le Rwanda.
"Il était lourdement armé, habillé en tenue de combat complète et transportait toutes sortes d’équipements militaires", précise le communiqué, ajoutant que les autorités rwandaises avaient elle aussi saisi le JVM.
Sous couvert de l’anonymat, un habitant de Goma a raconté que vers 14h00 (12h00 GMT), au moment de l’incident, plusieurs centaines de manifestants en colère mais pas violents s’étaient massés aux petite et grande barrières, provoquant la fermeture de ces deux postes-frontières entre Goma et Gisenyi.
"En fin d’après-midi, les deux barrières ont été rouvertes pour permettre aux gens de rentrer (chez eux) de part et d’autre. Mais comme à la petite barrière l’attroupement était important, la plupart des gens sont passés par la grande barrière", a précisé ce témoin, ajoutant qu’ "en fin de journée, un déploiement particulièrement impressionnant des FARDC (armée de RDC) et de la police était visible dans la zone." Les autorités de RDC étaient injoignables en fin de journée pour confirmer ou infirmer l’information.
Zone sous tension
Avec la création en mai 2012 du Mouvement du 23-Mars (M23), mouvement rebelle, les relations entre la RDC et le Rwanda se sont à nouveau tendues, des experts de l’ONU accusant le Rwanda et l’Ouganda, voisins de la RDC, de soutenir le mouvement. Des accusations toujours démenties par Kigali.
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Fin août, lors d’une reprise des combats entre l’armée congolaise, appuyée par les Casques bleus de l’ONU, et le M23, Kigali a accusé Kinshasa d’avoir lancé chez elle plusieurs dizaines d’obus, essentiellement dans la zone de Gisenyi.
Renforçant alors, discrètement, son dispositif militaire à la frontière, le Rwanda a menacé la RDC de représailles. Mais, selon l’ONU, les obus avaient été tirés par le M23.
"Il y a environ trois semaines, des militaires rwandais se sont postés sur la colline qui se trouvait du côté du cimetière Gabiro (à Goma) en disant qu’ils craignaient une menace des FDLR, qui pourraient passer par là pour les attaquer. Tout s’était réglé à l’amiable: les Rwandais sont repartis et les FARDC se sont déployés", a indiqué le lieutenant-colonel Hamuli.
Les FDLR sont une rébellion hutu rwandaise, active en RDC, dont certains membres sont accusés de participation au génocide de 1994 au Rwanda. Elle est régulièrement accusée de commettre des exactions contre les populations civiles dans l’Est congolais.
(Avec AFP)
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