Pour François Hollande, l’accord de Genève est une étape « importante »
Interviewé dimanche soir sur TF1, le président français a estimé que l’accord américano-russe trouvé samedi à Genève sur la Syrie était une étape « importante ». Selon lui, « l’option militaire doit demeurer ».
Diplomate mais vigilant. Voilà la délicate posture adoptée dimanche 15 septembre par François Hollande au sujet du conflit syrien. Interrogé pendant le journal de 20H de TF1, le chef de l’État a salué l’accord américano-russe trouvé la veille à Genève, le décrivant comme une étape "importante mais pas le point d’arrivée".
"Il faut prévoir la possibilité de sanctions en cas de non-application de l’accord", a ajouté le chef de l’État, dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité qui pourrait être votée "d’ici à la fin de la semaine prochaine". "L’option militaire doit demeurer, sinon il n’y aura pas de contrainte", a-t-il menacé.
Annoncé samedi par le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, l’accord fixe des échéances précises au régime syrien. Damas a une semaine pour présenter une liste de ses armes chimiques et celles-ci doivent être enlevées et détruites d’ici à la fin du premier semestre 2014, "un calendrier sans doute un peu ambitieux", a reconnu François Hollande.
Intenses tractations diplomatiques
Le processus doit être fixé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU mentionnant le chapitre VII de la Charte qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du régime syrien à ses engagements. Mais ce point reste entouré d’ambiguïtés, et les conditions de la mise en oeuvre de l’accord donnent lieu à d’intenses tractations diplomatiques.
"Demain, je vais recevoir John Kerry et le ministre des Affaires étrangères britannique (William Hague) avec Laurent Fabius. Nous allons mettre en forme la prochaine résolution du Conseil de sécurité qui va mettre en forme l’accord et le traduire", a précisé François Hollande.
Aux avant-postes lorsque des frappes "punitives" contre le régime de Bachar al-Assad semblaient imminentes, la France est restée en marge des négociations américano-russes à Genève. "La pression exercée par la France et les États-Unis a été suffisamment forte pour convaincre Vladimir Poutine de prendre une initiative qui a permis d’avoir un accord", s’est défendu le président français. "Tant mieux !", s’est-il réjoui.
>> Lire aussi : Syrie : à Damas, soulagement et espoir après l’accord américano-russe
Favorable au départ de Bachar al-Assad
François Hollande a par ailleurs contesté avoir été contraint de suivre la politique des États-Unis sur la Syrie, comme l’accuse l’opposition. "Quel crime y aurait-il d’être d’accord avec le président Obama sur cette question des droits essentiels de la personne humaine ?", s’est-il défendu. "La France est une nation qui est souveraine et moi je ne dépends pas de quelque pays que ce soit, pas pour le Mali, pas pour la Syrie. J’engage la France ou je ne l’engage pas quand je considère que ce sont nos intérêts essentiels qui sont en cause", a-t-il dit.
"Et là (en Syrie) comme nous n’avons pas engagé cette force, nous l’avons utilisée dans sa menace même pour arriver à la solution que les Français souhaitaient, que le monde souhaitait, c’est-à-dire une solution diplomatique", a-t-il estimé. Interrogé pour savoir s’il souhaitait toujours le départ de Bachar al-Assad, François Hollande a répondu: "Je l’ai toujours dit".
"La meilleure façon, c’est d’avoir un accord politique et d’être sûrs que ceux qui vont être chargés de la transition soient des vrais démocrates", a-t-il ajouté. Mais "faisons attention de ne pas installer ceux que nous considérons comme aussi dangereux que Bachar al-Assad puisque tous les deux, Bachar al-Assad et les jihadistes, sont des massacreurs".
(Avec AFP)
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