Législatives : les Rwandais aux urnes, le FPR favori
Le Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir depuis 1994, devrait remporter une victoire écrasante lors des élections législatives du 16 septembre. Un scrutin de liste à circonscription unique auquel participent quatre partis politiques et quatre candidats indépendants.
Mis à jour le 15 septembre 2013 à 17 heures 15.
Il en faudrait beaucoup plus pour remettre en question la domination du Front patriotique rwandais (FPR) sur la vie politique du pays des mille collines. Malgré les deux explosions, qui ont fait 2 morts et 22 blessés à Kigali, les 13 et 14 septembre, tout semblait en ordre, à la veille des élections législatives du 16 septembre, pour que le parti au pouvoir rencontre une nouvelle victoire écrasante.
Campagne sans suspense
Mais la campagne électorale, qui s’est clôturée samedi 14 septembre, fut sans suspense. Outre le FPR, deux de quatre partis en lice participent au gouvernement : le président du Parti libéral (PL) Protais Mitali, est ministre des Sports et de la Culture et celui du Parti social-démocrate (PSD), Vincent Biruta, est ministre de l’Éducation.
Quant au Parti social-Imberakuri, qui participe pour la première fois à des élections législatives, il est profondément divisé. Son fondateur, Bernard Ntaganda, purge une peine de quatre ans de prison prononcée en 2011 pour menace à l’ordre public, divisionnisme et organisation de manifestations sans autorisation. Et tous les partisans de ce dernier ne se reconnaissent pas dans la nouvelle présidente, Christine Mukabunani, perçue par beaucoup comme trop proche du gouvernement.
En face, le FPR, qui continue de jouir du prestige d’avoir mis fin au génocide, avance avec une machine bien huilée ainsi qu’un nombre de militants et de moyens sans commune mesure avec ses concurrents (son fonds d’investissement, Chrystal ventures, contrôle ainsi une part substantielle de l’économie rwandaise).
"Démocratisation"
Aucun débat contradictoire n’a été organisé par les médias publics – qui avaient toutefois l’obligation d’accorder le même temps de parole à chacun des partis – et tous les candidats avaient reçu pour instruction de la Commission électorale de s’abstenir de toute critique vis-à-vis de ses concurrents. "Cela s’explique par notre histoire, justifie le président de la Commission électorale Kalisa Mbanda. Nous sommes dans une dynamique de partage du pouvoir et de coexistence pacifique. Cela suppose que les arguments échangés soient positifs."
Le Parti démocratique vert du Rwanda, fondé par des dissidents du FPR et dont le mot d’ordre principal est la "démocratisation" du pays, ne participe pas aux élections. Ce parti a été reconnu officiellement le 9 août dernier, soit trois jours (dont un ouvrable) avant la date butoir pour le dépôt des candidatures et n’a pas souhaité présenter de candidats. "Il aurait fallu que chaque candidat sur notre liste puisse se procurer, en une seule journée, chacun des quatre documents requis, explique son président, Franck Habineza. C’était impossible."
Quant au FDU-Inkingi, avec qui le Parti démocratique vert avait tenté de former une coalition d’opposition pour la présidentielle de 2010, il n’est pas reconnu officiellement et son leader, Victoire Ingabire, a été condamnée à 8 ans de prison pour menace contre la sécurité de l’État, terrorisme et déni du génocide de 1994.
Candidats indépendants
Six millions de Rwandais sont appelés aux urnes. Dans ce scrutin de liste à circonscription unique, ils doivent attribuer leur voix à l’un des quatre partis en lice ou à l’un des quatre candidats indépendants qui complètent l’offre politique.
Parmi eux, Gilbert Mwenedata, un rescapé du génocide devenu fonctionnaire de l’agence américaine pour l’aide au développement (USAID) est confiant en ses chances. Parmi les thèmes qu’il aimerait faire évoluer, la réconciliation ou encore « l’autocensure », qui fait que beaucoup de Rwandais n’osent pas exprimer publiquement toutes leurs opinions. Ce candidat, qui dit avoir financé sa campagne avec des fonds venant quasi-exclusivement de sa famille, devra toutefois réunir 5% du total des voix, soit 300 000 suffrages, pour rentrer au parlement.
Lors des précédentes élections législatives, celles de 2008, aucun candidat indépendant n’avait réussi cet exploit. Le FPR avait lui obtenu 78% des sièges.
Sièges réservés pour les femmes, les jeunes, et les personnes handicapées
Sur les 80 sièges que compte le parlement, 24 sont réservées aux femmes, 2 aux « jeunes » et 1 aux personnes handicapées. Les femmes seront élues mardi 17 septembre par un collège de 132 000 électeurs issus du Conseil national des femmes et des législateurs locaux. Les représentants des jeunes et des personnes handicapées seront désignées, le lendemain, par des collèges de 250 personnes chacun.
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Par Pierre Boisselet, envoyé spécial à Kigali.
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