Algérie : comment Bouteflika reprend la main

Le remaniement ministériel annoncé le 11 septembre n’était que le dernier acte d’une reprise en main du pouvoir par Abdelaziz Bouteflika, revenu en Algérie le 18 juillet dernier après un AVC et une hospitalisation en France. Objectif : s’assurer du contrôle de l’élection présidentielle d’avril 2014.

Le président Abdelaziz Bouteflika, le 14 janvier 2013 à Alger. © Farouk Batiche/AFP

Le président Abdelaziz Bouteflika, le 14 janvier 2013 à Alger. © Farouk Batiche/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 13 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Dernier baroud d’honneur pour Abdelaziz Bouteflika ? Les derniers actes posés par le chef de l’État algérien démontrent qu’il entend influencer au maximum l’élection présidentielle d’avril 2014 qui désignera son successeur. Pour ce faire, il a actionné trois leviers distincts. "Bouteflika est revenu en force malgré sa maladie en imposant à la tête du FLN (Front de libération nationale, parti au pouvoir) un homme proche de son clan, des changements au sein du DRS et enfin ce remaniement ministériel", explique le politologue Nacer Djabi.

Première étape donc : siffler la fin de la récréation au sein du FLN, deux tendances se disputant le contrôle du parti en vue de la présidentielle. Élu le 29 août, Amar Saïdani est "un homme du sérail" qui offre aux fidèles de Bouteflika l’occasion de conserver leur mainmise sur le mouvement.

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Deuxième étape : réduire l’influence du Département de renseignements et de sécurité (DRS), qui possède une grande part de la réalité du pouvoir, sous la férule de l’inamovible général Mohamed Mediene, à sa tête depuis 1990. Trois services névralgiques de l’armée algérienne jusqu’à présent chapeautées par le DRS – les directions de la communication, de la sécurité, et du service central de la police judiciaire -, ont été placés sous l’autorité directe du chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, promu dans le dernier remaniement vice-ministre de la Défense (ministère conservé par le président).

Le général algérien Ahmed Gaïd Salah, le 26 décembre 2007 lors d’une cérémonie militaire à Kiev, en Ukraine. © Sergeï Supinsky

Le scandale Sonatrach

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La DRS a notamment été à l’origine des enquêtes pour corruption qui ont provoqué un énorme scandale concernant le groupe pétrolier Sonatrach et l’ex-ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, un proche de Bouteflika en fuite à l’étranger. Un mandat d’arrêt international a été émis contre lui et transmis, parmi d’autres dans cette affaire, à Interpol.

Enfin, le président algérien a confirmé cette reprise en main, mercredi 11 septembre, par un vaste remaniement, toujours en faveur de ses proches. "Il a confié les deux postes-clés du gouvernement, l’Intérieur et la Justice, à ses hommes de confiance originaires comme lui de Tlemcen (ouest) [Tayeb Bélaïz et Tayeb Louh, NDLR]. Ce qui va contribuer à trancher sur de nombreuses questions à l’avenir". De fait, ces deux portefeuilles ont un rôle majeur dans la préparation et l’organisation des élections en Algérie. Et treize ministres ont été limogés sur une trentaine.

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"Tous les pouvoirs"

"Avec les changements au FLN et les ajustements opérés au sein de l’armée, Bouteflika met en place un dispositif lui permettant d’avoir le contrôle sur la prochaine présidentielle", estime le quotidien francophone El Watan. Pour Liberté, il s’agit "d’un coup de force d’un président qui, malade et en fin de règne, ne compte pas s’en aller avant d’avoir préparé le terrain à un successeur qu’il aura lui-même désigné".

"Il est clair qu’avec ce remaniement et les décisions qui l’ont précédé, le premier magistrat du pays a décidé à quelque six mois de la présidentielle de concentrer tous les pouvoirs de décision entre ses mains (…)", observe de son côté le quotidien arabophone Echorouk.

(Avec AFP)

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