Le Congo sommé de restituer la dépouille de Savorgnan de Brazza
La dépouille de l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza doit être restituée à ses descendants. C’est la teneur de la décision de la justice française rendue le 11 septembre, soit sept ans après la ré-inhumation solennelle de l’explorateur dans un mausolée de Brazzaville, capitale du Congo.
Le père fondateur de la ville de Brazzaville pourrait bientôt quitter la capitale congolaise. La cour d’appel de Paris a donné raison, le 11 septembre, à quinze descendants de l’explorateur français d’origine italienne, qui reprochaient au Congo de ne pas avoir respecté des engagements pris en 2006 en échange du transfert de sa dépouille dans la capitale congolaise.
La dépouille de Savorgnan de Brazza avait été ramenée d’Alger à Brazzaville en octobre 2006 et ré-inhumée dans un imposant mausolée de marbre et de verre sur les bords du fleuve Congo lors d’une cérémonie en grande pompe, en présence de plusieurs présidents africains et du ministre français des Affaires étrangères de l’époque, Philippe Douste-Blazy.
Ce retour était le fruit d’un protocole d’accord signé quelques jours plus tôt à Rome entre la République du Congo et les descendants (italiens) de l’explorateur. Ces derniers avaient alors le feu vert aux autorités congolaises pour la ré-inhumation de leur aïeul dans la capitale congolaise.
Compromis
En contrepartie, Brazzaville avait pris plusieurs engagements, notamment le goudronnage de la piste menant à Mbé, la construction d’un dispensaire dans cette localité, l’érection d’une statue du roi Makoko auprès de celle de l’explorateur, l’entretien de tous les établissements congolais portant le nom de l’explorateur. Un bon compromis par rapport à la revendication des Tékés, première ethnie du Congo, qui souhaitaient que la dépouille repose à Mbé – ville située à 150 km de Brazzaville – près de celle du roi Makoko. Explorateur qualifié d’"humaniste" par ses admirateurs, Savorgnan de Brazza (1852-1905) avait permis à la France de prendre possession du Congo en 1880 à la faveur d’un traité de paix conclu avec le roi Makoko Iloo Ier.
Sanction
Estimant que le Congo n’avait pas respecté ses promesses, les descendants de l’explorateur ont rapidement saisi la justice française – dont la compétence en cas de litige avait été prévue par le protocole de 2006 – qui les a déboutés en première instance en 2011, avant qu’ils aient gain de cause devant la Cour d’appel de Paris. Le Congo est sommé de restituer des restes mortuaires du célèbre explorateur dans un délai de trois mois.
Contacté par l’AFP, Me William Bourdon, avocat des descendants de l’explorateur, a indiqué que ses clients réfléchissaient aux conséquences pratiques de l’arrêt. "L’instrumentalisation politique éhontée de la mémoire et de la trajectoire exceptionnelle de Pierre Savorgnan de Brazza a été sanctionnée comme il se devait par la cour", a-t-il déclaré. De leur côté, les avocats du Congo n’étaient pas immédiatement joignables.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...