« Go 2 school » : trois ans pour relancer les bases de l’éducation en Somalie
L’État Somalien a démarré le 8 Septembre, journée internationale de l’alphabétisation, un vaste programme qui devrait permettre à un million d’enfants d’accéder à l’éducation, dans le cadre de l’initiative « Go 2 school » (« Va à l’école »). De quoi redonner un peu d’espoir dans une région déchirée par deux décennies guerre civile.
Les autorités éducatives somaliennes, en partenariat avec l’Unicef et d’autres organisations internationales projettent non seulement d’encourager les parents à envoyer leurs enfants dans les écoles publiques et gratuites, mais aussi de construire et rénover des écoles, de former et encadrer des professeurs, d’augmenter les pouvoirs des ministères, ainsi que de fournir des structures sportives.
Avec un coût estimé à 117 millions de dollars (89 millions d’euros), le programme devrait durer trois ans et donner l’opportunité à un quart des jeunes non-scolarisés de retrouver le chemin de l’école. Trois agglomérations sont visées : Mogadiscio, la capitale, ainsi que les villes principales des provinces autonomes et semi-autonomes du Somaliland et du Pount, respectivement Hargeisa et Garoowe.
Casser le recrutement dans les groupes armés
Le taux de scolarisation en Somalie est parmi l’un des plus bas au monde. Seuls quatre enfants sur dix vont à l’école, rappelle l’Unicef. Beaucoup d’enfants entrent à l’école primaire bien après l’âge requis, et peu atteignent l’école secondaire. Les filles sont particulièrement affectées : dans le centre-sud de la Somalie seul un tiers d’entre elles va à l’école, beaucoup abandonnant avant la fin de l’école primaire.
L’initiative sera axée sur l’éducation fondamentale des 6-13 ans, y compris des enfants issus des populations éloignées de l’instruction publique, telles que les communautés de pasteurs ou de déplacés internes. Un demi-million d’élèves âgés de 14 à 18 ans pourrait également y avoir accès, si les financements sont trouvés, afin d’éviter que ces jeunes, cibles privilégiées de recrutement dans des groupes armées ou des gangs, ne soient embrigadés.
"Go 2 school est très ambitieux, mais c’est une initiative essentielle et réalisable " a déclaré le responsable de l’Unicef en Somalie, Sikander Khan. "L’éducation est la clé de l’avenir de la Somalie –nous avons déjà perdu deux générations. Une jeunesse éduquée est une des meilleures contributions possibles afin de maintenir la paix et la sécurité en Somalie". À l’heure actuelle, 50% du financement requis pour les années scolaires 2013/2014 et 2015/2016 seraient réunis.
Dynamique positive
Le pays tente d’émerger d’une guerre civile née de la chute du dictateur Siad Barre en 1991, et où se mêlent tribalismes, confessionnalismes et nationalismes. La Somalie semble toutefois être sur une bonne voie, notamment depuis l’élection, il y a près d’un an, du président Hassan Cheikh Mohamoud. Issu de la société civile, cet ingénieur de formation s’est impliqué auprès d’ONG, œuvrant au maintien d’écoles malgré la guerre, avant de fonder, en 2011, le Parti pour la paix et le développement. L’éducation est l’une des priorités de son mandat, comme l’a promis en juin dernier le Premier ministre somalien, Abdi Farah Shirdon, lors de la première Conférence sur l’Éducation depuis une vingtaine d’années.
De fait, l’éducation est perçue par ceux qui veulent voir la Somalie se redresser, comme la clé de la paix, alors que l’intégrisme religieux, incarné par les islamistes des Shebab, est toujours implanté dans certaines régions du pays.
Le 16 Septembre, le président de la République fédérale se rendra à Bruxelles pour la Conférence sur le New deal pour la Somalie, afin de cimenter un accord avec des partenaires internationaux de soutien à la reconstruction du pays pour les trois prochaines années.
(Avec AFP)
>> À lire aussi : "Une Somalienne accuse des soldats de l’UA de l’avoir violée"
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