CPI : le vice-président kényan, William Ruto, plaide non-coupable

Non-coupable. C’est le statut que le vice-président kényan, William Ruto, a choisi de plaider, mardi, lors de l’ouverture de son procès pour crimes contre l’humanité, à La Haye. Il est le premier dirigeant en fonction à comparaître devant cette cour.

Le vice-président kényan, William Ruto, à la CPI. © AFP

Le vice-président kényan, William Ruto, à la CPI. © AFP

Publié le 10 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Vêtu d’un costume gris légèrement foncé, d’une chemise claire et d’une cravate rouge aux rayures blanches, William Ruto n’a pas paru inquiet, mardi 10 septembre, derrière son avocat Karim Khan, un sourire narquois régulièrement accroché au visage. À la question du juge-président Chile Eboe-Osuji, qui a appelé l’accusé à plaider coupable ou non coupable, la réponse a fusé : "non coupable !".

William Ruto, 46 ans, est accusé d’avoir organisé certaines des violences politico-ethniques qui ont meurtri le Kenya après la réélection contestée du président Mwai Kibaki, à la fin de l’année 2007. Celles-ci avaient fait un millier de morts et plus de 600 000 déplacés. La CPI poursuit des membres des deux clans qui se sont affrontés : le Parti pour l’unité nationale (PNU) de Mwai Kibaki et le Mouvement démocratique orange (ODM). Du côté de l’ODM, William Ruto est accusé d’avoir pris la tête d’une organisation criminelle en vue d’évincer les partisans du PNU de la vallée du Rift. Il doit répondre de trois crimes contre l’humanité : meurtres, persécutions et déportations.

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"Soif de pouvoir"

Le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a assuré dans sa déclaration liminaire que le vice-président Ruto avait planifié des crimes contre l’humanité afin de "satisfaire sa soif de pouvoir politique". "Il est difficile d’imaginer la souffrance ou la terreur de ces hommes, femmes et enfants qui ont été brûlés vifs, tués à la machette ou chassés de chez eux", a-t-elle soutenu.

"L’accusation a très clairement glissé sur quelques peaux de banane au long de ce processus", a quant à lui rétorqué Me Karim Khan, avocat de l’accusé, qui a qualifié l’enquête du procureur "d’insulte à tous ceux qui croient en une institution viable". "Toute la vie de M. Ruto (…) est un témoignage pour un avenir meilleur pour le peuple kényan", a-t-il ajouté, niant que la défense soit impliquée dans des intimidations de témoins, comme l’a suggéré Fatou Bensouda.

"De nombreux témoins ont eu trop peur pour témoigner", avait-elle accusé, évoquant du chantage, des pots-de-vin et des intimidations, qui empoisonneraient la procédure depuis le début de l’enquête en 2010.

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Exode africain ?

Le procès s’ouvre quelques jours à peine après l’adoption par les députés kényans d’un texte proposant de quitter le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI. Mais le vote des députés kényans, symbolique, n’aura aucune influence sur les procédures en cours.

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Certains craignent néanmoins que cet épisode marque le début d’un exode des États africains parties à la Cour. La CPI n’a jusqu’à présent engagé des poursuites que contre des Africains. L’Ouganda réfléchirait actuellement à imiter la décision kényane.

(Avec AFP)
 

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