Congo-Brazzaville : 6 condamnés et 26 acquittés dans l’affaire des explosions

Plus d’un an après les explosions de Brazzaville, qui avaient fait près de 300 morts et plus de 2 300 blessés, la justice congolaise a rendu son verdict, ce lundi 9 septembre : six militaires ont été condamnés et 26 autres accusés acquittés.

Brazzaville au lendemain des explosions du 4 mars 2012 © AFP

Brazzaville au lendemain des explosions du 4 mars 2012 © AFP

Publié le 10 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Le verdict est tombé : six militaires ont été condamnés, ce lundi 9 septembre, dans l’affaire des explosions de Brazzaville, et 26 autres acquittés, dont 19 militaires et policiers.

L’affaire remonte au 4 mars 2012. Au cœur du quartier résidentiel de Mpila, des explosions dans un dépôt de munitions de l’armée avaient fait officiellement près de 300 morts, plus de 2 300 blessés et 17 000 sans-abris dont certains continuent de vivre dans des conditions difficiles.

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Lors du procès du lundi 9 septembre, le principal accusé, le caporal-chef Kakom Kouack Blood, reconnu coupable d’avoir mis volontairement le feu au camp des blindés de Mpila, a été condamné à quinze ans de travaux forcés par la cour criminelle de Brazzaville. Son avocat, Me Jean-Philippe Esseau, a fait part de sa déception. "L’instruction a montré que Kakom n’était coupable de rien. Il n’a jamais mis le feu au dépôt de munitions. Je suis déçu du jugement rendu. Nous allons nous pourvoir en cassation", a-t-il alors déclaré à l’AFP.

L’ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité, le colonel Marcel Tsourou, a, quant à lui, été condamné à cinq ans de travaux forcés avec sursis pour complicité d’incendie involontaire et détention illégale d’armes de guerre. De son côté, le colonel Germain Ikonga Akindou, ancien directeur général de l’équipement des Forces armées congolaises, a écopé de cinq ans de réclusion ferme et d’une amende de 120 millions de FCFA (soit 182 938 euros) pour détournement de fonds publics destinés à la construction d’une soute à munitions de l’armée. Enfin, trois sous-officiers de l’armée ont écopé chacun de deux ans d’emprisonnement ferme et de 200 000 FCFA (soit 304 euros) d’amende pour homicide et blessures involontaires.

Une décision qui divise

Le président de la cour criminelle, Mathurin Bayi, a, par ailleurs, prononcé l’acquittement pur et simple en faveur de 26 accusés, dont 19 militaires et policiers.

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Au départ, le procès concernait 30 accusés mais deux autres militaires ont été ajoutés au cours du procès : ils avaient comparu comme témoins et ont finalement été accusés sur la base de leur témoignage. Ils ont donc été écroués et jugés et comptent désormais parmi les acquittés.

Dans son réquisitoire prononcé deux jours avant le verdict, le procureur général, Corneille Moukala-Moukoko, avait requis l’acquittement des colonels Tsourou et Ikonga-Akindou. Il avait également requis les travaux à perpétuité pour le caporal-chef Kakom, ainsi que des peines de quatre ans d’emprisonnement ferme pour cinq sous-officiers. "J’assume et j’assumerai mes conclusions. Je n’ai pas besoin de gloire. On ne peut pas condamner des innocents. Ce procès a été grave et douloureux. Il n’y a pas de décisions de justice qui fassent l’unanimité. Certains seront satisfaits, d’autres non", avait-il alors déclaré.

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Et, en effet, la décision de la cour divise. Les avocats de la défense estiment que certains de leurs clients ont été condamnés pour rien, tandis que les parents de victimes pensent que la justice n’a pas dit le droit. Ils jugent en effet que le principal accusé ne peut en aucun cas être le vrai auteur de ce drame. "Le jugement rendu par le président de la cour criminelle tire notre pays vers le bas; discrédite notre justice. Il n’a pas du tout suivi le réquisitoire du procureur. C’est un faux jugement", a estimé Jules Kouami, 52 ans, parent d’un accusé.

"On n’a pas connu la vérité dans cette affaire. Il y a eu plus d’acquittés que d’accusés. Ça signifie qu’à Mpila, les armes ont explosé toutes seules. C’est une drôle de justice", a, pour sa part, indiqué un parent de victime qui a requis l’anonymat.

(Avec AFP)

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