Sofiane Ben Farhat : « On veut ma peau… et écarter les journalistes qui dérangent »

Sofiane Ben Farhat a fait une grève de la faim pendant une semaine pour protester contre un licenciement abusif. Pour Jeune Afrique, il revient sur les conditions de sa mise à l’écart de Shems FM et sur la situation des journalistes en Tunisie. Une interview recueillie quelques heures avant sa réintégration au sein de la radio.

Sofiane Ben Farhat (à droite) lors d’une matinale sur Shems FM. © DR

Sofiane Ben Farhat (à droite) lors d’une matinale sur Shems FM. © DR

Publié le 10 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 17h46.

Trublion cathodique, le journaliste et chroniqueur vedette Sofiane Ben Farhat entamait son 7e jour de grève de la faim pour protester contre son licenciement de Shems FM quand nous l’avons rencontré, mardi matin. Très affaibli, il s’est confié à Jeune Afrique quelques heures avant que son licenciement ne soit annulé par la direction de la radio.

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Jeune Afrique : Pourquoi êtes-vous en grève de la faim ?

Sofiane Ben Farhat : Pour attirer l’attention sur la précarité de la situation des journalistes ; nos carrières sont à la merci des pressions et des humeurs des uns et des autres. À Shems FM, j’ai été victime d’un licenciement abusif si bien que tous les animateurs, les journalistes et le personnel de la chaîne soutiennent mon mouvement tout comme le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Le directeur de la radio, Fathi Bhoury, n’a pas respecté les termes de mon contrat et mis fin brutalement à mes fonctions sans respecter les procédures d’usage.

Quelles sont les raisons invoquées pour ce licenciement ?

C’est une succession de faits. Je participais, à un programme matinal quotidien très suivi, avec élément de chronique et débat ; j’avais invité deux journalistes, Zyed El Hani et Salem Zoghlami, de radio Tataouine, pour aborder la question de la main mise du pouvoir sur les médias publics et les poursuites intentées aux journalistes par la justice. Cela a profondément déplu au directeur Fathi Bhoury.

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La veille, Hamza Hamza, membre du conseil consultatif d’Ennahdha avait été agressif avec l’équipe sur le plateau. La direction n’a pas pris fait et cause pour son personnel mais a défendu ce faucon d’Ennahdha. Pire, Fathi Bhoury a décidé de s’ingérer dans la ligne éditoriale et de choisir lui-même les invités. Forcément nous étions en désaccord, le ton est monté et il m’a renvoyé.

Y a-t-il un rapport entre la fin de vos fonctions à Nessma et certaines interviews à couteaux tirés avec des ministres d’Ennahdha ?

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Avec Nessma, nous n’étions plus d’accord sur la ligne éditoriale et il n’y a pas eu de rupture brutale de contrat mais une fin de mission. Cependant, il est clair qu’une partie de la classe politique m’en veut et exerce une pression pour écarter les journalistes qui la dérangent. Les dernières émissions montrent bien que tous les dirigeants d’Ennahdha s’ingéniaient à me prendre à partie.

Quelles sont vos revendications ?

Reprendre mes fonctions dans l’émission de Shems FM comme le stipule mon contrat. Mais je veux également alerter l’opinion publique sur les dérives actuelles dont sont objet les médias. Menacé de mort, j’ai été mis sous escorte, mais cela n’a pas suffi. Je fais l’objet d’acharnement et de harcèlement, on veut ma peau. On est passé de quatre tentatives de liquidation physique à, aujourd’hui, une tentative de liquidation intellectuelle.

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Propos recueillis par Frida Dahmani, à Tunis

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