Intervention en Syrie : Obama consulte mais n’a pas encore pris de décision

Le président américain a affirmé, mercredi 28 août, ne pas encore avoir décidé d’une éventuelle intervention en Syrie, tout en évoquant un « coup de semonce ». De l’autre côté de l’Atlantique, ses partenaires britanniques disent vouloir attendre l’enquête de l’ONU sur l’attaque chimique du 21 août.

Barack Obama le 28 août 2013 à Washington. © AFP

Barack Obama le 28 août 2013 à Washington. © AFP

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Publié le 29 août 2013 Lecture : 4 minutes.

Interrogé sur une éventuelle intervention militaire contre le régime de Bachar al-Assad, Barack Obama a été clair. "Je n’ai pas encore pris de décision" sur une action en Syrie, a-t-il indiqué mercredi sur la chaîne de télévision PBS. Pendant le week-end, alors qu’émergeaient les détails de l’attaque à l’arme chimique qui aurait fait plusieurs centaines de morts près de Damas, les États-Unis ont considérablement durci le ton contre le régime syrien, au point qu’une intervention armée semble désormais probable à court terme.

Assurant que son pays avait conclu à la responsabilité du gouvernement de Bachar al-Assad dans cette attaque, le président des États-Unis a toutefois écarté un "engagement direct militaire" de son pays dans la guerre civile syrienne. L’idée sous-jacente est que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu’il ferait mieux de ne pas recommencer" à utiliser des armes chimiques, a-t-il expliqué. "Si nous envoyons un coup de semonce pour dire ‘arrêtez’, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme", a encore argumenté le président.

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Pour le président de la Coalition de l’opposition syrienne, Ahmad Jarba, interrogé par le quotidien français Le Parisien, les Occidentaux doivent frapper le régime de Bachar al-Assad et le traduire devant la Cour pénale internationale. Selon lui, l’opposition syrienne attend des Occidentaux "une frappe punitive contre le régime" puis "un soutien politique et militaire de l’Armée syrienne libre".

De l’autre côté de l’Atlantique, le Royaume-Uni, allié fidèle des États-Unis, ne souhaite pas lancer d’action militaire en Syrie avant d’avoir eu connaissance des résultats des experts de l’ONU qui enquêtent sur l’attaque du 21 août.

Selon le patron des Nations unies Ban Ki-moon, ces experts ont besoin de quatre jours pour boucler leur mission entamée lundi, avant de procéder à des analyses et de présenter leur rapport. Ils ont mené mercredi leur deuxième visite sur l’un des sites attaqués et effectué des prélèvements sanguins, d’urine et de cheveux auprès de victimes.

Fébrilité

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Signe de fébrilité, Israël a autorisé un rappel limité de réservistes et déployé des batteries antimissiles à sa frontière nord avec la Syrie. La Turquie a renforcé son niveau de vigilance. La perspective d’une frappe a fait également monter le prix du baril de pétrole qui a atteint son plus haut en deux ans à New York à 110,10 dollars mercredi.

À New-York, les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU continuent à afficher leurs désaccords sur une résolution justifiant une offensive militaire en Syrie. La ligne de fracture a fidèlement reflété les positions de chacun sur le conflit. Les ambassadeurs russe et chinois, soutiens de Damas, ont quitté la salle où se tenaient les consultations sur un projet de résolution britannique au bout d’une heure et quart. Les représentants des trois autres pays (France, Royaume-Uni, États-Unis) sont sortis sans faire de déclarations. Selon le gouvernement britannique, le texte devait autoriser un recours au "chapitre VII de la Charte de l’ONU" qui prévoit notamment des mesures pouvant aller jusqu’à une opération militaire.

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Face au bruit de bottes, le pouvoir syrien a démenti tout recours aux armes chimiques, accusé les rebelles et expliqué que les Occidentaux "inventaient" des prétextes pour attaquer. Pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, une frappe provoquerait une "déstabilisation supplémentaire de la situation", tandis que l’Iran, autre allié de Damas, a jugé qu’une action militaire "serait un désastre pour la région".

Même si une intervention directe de l’Otan n’est pas à l’ordre du jour selon un diplomate, l’Alliance atlantique a elle aussi jugé qu’un recours aux armes chimiques ne pouvait "rester sans réponse". Se disant convaincus de la responsabilité du régime dans l’attaque du 21 août, Washington, Paris et Londres se sont déclarés prêts à agir, non pas pour le renverser mais pour le "dissuader" d’avoir de nouveau recours à des gaz toxiques. Selon les spécialistes, les raids éventuels seront menés avec des missiles Tomahawk embarqués sur des navires croisant en Méditerranée et/ou des chasseurs-bombardiers opérant hors de l’espace aérien syrien.

Preuves

Un haut responsable de l’administration américaine a indiqué mercredi soir que les dirigeants du Congrès et les présidents de commissions se rendraient jeudi à la Maison Blanche, à une heure non précisée, pour prendre connaissance des éléments classés secrets recueillis par le renseignement américain sur l’attaque chimique du 21 août. Selon le magazine Foreign Policy, la conviction américaine se base sur des conversations téléphoniques interceptées entre un responsable du ministère syrien de la Défense et le chef de l’unité des armes chimiques.

D’après un responsable de l’opposition syrienne, Ahmad Ramadan, une possible frappe est une "question de jours" et, parmi "les cibles éventuelles", figurent des aéroports, bases militaires et dépôts d’armes.

Maintenant une attitude de défi, comme depuis le début de la révolte en mars 2011, le régime syrien a prévenu par la voix de son Premier ministre Waël al-Halqi que la Syrie serait "le cimetière des envahisseurs". Face aux menaces occidentales, l’armée a commencé à se repositionner ces dernières 48 heures, notamment à Damas, Homs et Hama (centre), avec "des dizaines de sièges de commandement militaire et de commandement de brigades évacués pour se replacer ailleurs", selon une ONG syrienne.

(Avec AFP)

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