Centrafrique : l’aéroport de Bangui pris d’assaut par des milliers de réfugiés
Une nouvelle incursion, le 28 août, d’éléments incontrôlés de l’ex-rébellion Séléka dans le nord de Bangui a contraint plusieurs milliers de réfugiés à se réfugier sur le tarmac de l’aéroport international de la capitale centrafricaine.
Plus d’un millier d’habitants ont trouvé refuge sur la piste de l’aéroport international de Bangui et s’y trouvaient toujours, mercredi 28 août dans l’après-midi, selon une source proche de l’agence pour la sécurité de la navigation aérienne (Asecna). La zone est sécurisée par les troupes françaises. Les vols au départ et à l’arrivée de la capitale centrafricaine ont été annulés.
Ces habitants de Boy-Rabé – considéré comme un fief des partisans de l’ancien président François Bozizé – ont quitté leurs maisons dans la nuit de lundi à mardi pour fuir les tirs et les pillages commis par des combattants "incontrôlés" de l’ex-rébellion Séléka, selon des témoignages. Une source hospitalière, sous couvert d’anonymat, rapporte que ces tirs ont fait deux morts et près d’une dizaine de blessés.
Mercredi matin, de nouveaux tirs ont été entendus dans le quartier voisin de Boeing, près de l’aéroport international. Selon le ministre de la Sécurité, Josué Binoua, au total 300 hommes de la force africaine en Centrafrique (Misca), des policiers et des gendarmes centrafricains, ont pris position à Boy-Rabé, après cette nouvelle incursion de la Séléka.
La Séléka exlue des opérations de maintien de l’ordre
À l’issue d’un Conseil national de sécurité convoqué d’urgence, le président de la transition, Michel Djotodia, a interdit aux combattants de son mouvement, la Séléka, de participer aux opérations de maintien de l’ordre à Bangui. "À compter d’aujourd’hui (mercredi), pour tout ce qui touche le maintien de l’ordre, le rétablissement de l’ordre, particulièrement dans la ville de Bangui, seules les forces de la police centrafricaine et de la gendarmerie nationale sont habilitées à intervenir", a déclaré à la radio nationale le ministre de la Sécurité Josué Binoua.
"Dans tous les pays modernes, la sécurité est assurée par la police et la gendarmerie. L’armée s’occupe de la défense du territoire", a-t-il ajouté pour justifier la mise à l’écart des combattants de l’ex-rébellion, accusés d’exactions contre la population.
Depuis sa prise de pouvoir, Michel Djotodia ne cesse de proclamer sa volonté de caserner et désarmer les combattants de la coalition hétéroclite de mouvements rebelles et de groupes armés qu’il a fédérés autour de sa personne. En vain jusqu’à présent. Les témoignages d’exactions, dans la capitale et en province par des "éléments incontrôlés", ne cessent de s’accumuler.
Face à la faillite de l’État centrafricain, avec des administrations et des forces de sécurité totalement désorganisées, le président français François Hollande a jugé mardi qu’il était "plus que temps d’agir" dans un pays "au bord de la somalisation", en référence au chaos sanglant dans lequel a sombré la Somalie il y a plus de vingt ans.
"Le bilan est accablant. 60 000 enfants risquent de mourir de malnutrition. Un million et demi d’habitants sur 5 millions sont déplacés", a constaté François Hollande, en demandant à l’ONU et à l’Union africaine de "se saisir de la situation".
(Avec AFP)
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