Pour les États-Unis, l’usage d’armes chimiques en Syrie est « indéniable »

Alors que Washington consulte à tout-va sur une éventuelle intervention militaire contre le régime de Bachar al-Assad, le secrétaire d’État John Kerry a assuré, lundi 26 août, que l’utilisation d’armes chimiques près de Damas le 21 août était « indéniable ». En Syrie, les experts de l’ONU continuent à recueillir des échantillons sur le site de l’attaque présumée.

John Kerry le 26 août 2013 à la Maison Blanche. © AFP

John Kerry le 26 août 2013 à la Maison Blanche. © AFP

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Publié le 27 août 2013 Lecture : 4 minutes.

Pour John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, l’usage d’armes chimiques en Syrie ne fait plus aucun doute. "Des armes chimiques ont été utilisées en Syrie", a déclaré le secrétaire d’État devant la presse lors d’une intervention à Washington. "C’est indéniable", a-t-il même insisté.

John Kerry a qualifié d’"indécence morale" l’usage de ces armes chimiques, qui, selon l’opposition au président syrien Bachar al-Assad, auraient fait plus de 1 000 morts dans la Ghouta orientale mercredi dernier. Sans désigner de coupable, le responsable américain a assuré que "le président Obama pense que ceux qui ont recours aux armes les plus atroces contre les populations les plus vulnérables de la planète doivent rendre des comptes". John Kerry n’a toutefois pas évoqué de quelconque projet de frappe contre le régime de Damas. De même, la Maison Blanche a démenti des informations du quotidien britannique Telegraph affirmant que Washington et Londres s’apprêtaient à lancer une action militaire commune "dans les prochains jours". Ces derniers jours, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel avait cependant déclaré que les forces américaines étaient prêtes à agir si nécessaire.

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De son côté, la Russie "regrette" que les États-Unis aient décidé de reporter une réunion bilatérale sur la Syrie. "Élaborer les mécanismes d’un règlement politique en Syrie aurait été extrêmement utile justement maintenant", a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.

Les experts de l’ONU visés pas des snipers

Sur le terrain, les enquêteurs de l’ONU sont finalement parvenus à se rendre à Moadamiyat al-Cham, une localité au sud-ouest de Damas tenue par les rebelles et cible mercredi, selon l’opposition, d’une attaque à l’arme chimique par le régime. Malgré "ces circonstances très difficiles", ils ont pu "visiter deux hôpitaux et parler à des témoins, des survivants, et des médecins et ils ont pu aussi recueillir des échantillons", a déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Il faudra "attendre un peu pour avoir le premier avis du Dr (Aake) Sellström", chef de l’équipe, sur ces éléments, a-t-il indiqué.

Un porte-parole de l’ONU a pour sa part précisé que la collecte d’informations et d’échantillons avait "été très productive" et que l’équipe "semblait très satisfaite de son travail". Il a ajouté que les experts poursuivraient leur travail mardi, sans indiquer où. Les États-Unis avaient pourtant accusé Damas d’avoir à nouveau bombardé le site lundi afin de tenter de dissimuler des preuves.

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Un peu plus tôt dans la journée, les experts onusiens avaient dû rebrousser chemin, le premier véhicule de l’équipe ayant "été délibérément touché à plusieurs reprises par des tirs de snipers non identifiés", selon un porte-parole de l’ONU, qui n’a fait état d’aucun blessé. Alors que le régime et les rebelles se sont accusés mutuellement de ces tirs, Ban Ki-moon a émis une "ferme protestation" auprès des deux parties.

"Détresse humanitaire"

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Répondant aux accusations de recours aux armes chimiques, le président Assad a estimé qu’il était "contraire au bon sens" de pointer du doigt son régime avant l’enquête. Il a aussi prévenu qu’en cas d’intervention militaire, "les États-Unis essuieraient un échec".

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé qu’il était "possible" de répondre à l’usage d’armes chimiques sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Redisant sa conviction que le régime avait utilisé des armes chimiques le 21 août, il a jugé qu’une intervention serait possible pour des motifs de "détresse humanitaire". Pour le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, les pays occidentaux décideront d’une réaction "dans les jours qui viennent", tandis que la Turquie s’est dite prête à rejoindre une coalition contre la Syrie, même sans consensus à l’ONU.

Selon des experts, les pays occidentaux pourraient mener des frappes chirurgicales contre des intérêts stratégiques, sans pour autant s’engager dans une intervention de longue durée. L’Irak a affirmé être opposé à l’utilisation de son espace aérien ou de son territoire pour toute opération.

Mises en garde russe et iranienne

La Russie, puissante et fidèle alliée du régime Assad, a mis en garde contre une intervention militaire sans aval du Conseil de sécurité de l’ONU, estimant qu’elle serait "dangereuse" et constituerait "une violation illégale du droit international". Le président Vladimir Poutine s’est entretenu lundi par téléphone avec le Premier ministre britannique David Cameron, qui a écourté ses vacances, affirmant notamment qu’il n’y avait "pas de preuves ni de l’utilisation d’armes chimiques ni de qui en serait responsable".

Autre allié du régime syrien, l’Iran a prévenu les États-Unis de "dures conséquences" en cas d’intervention. La Chine a elle préconisé la "prudence, afin d’éviter toute ingérence". L’Allemagne a indiqué qu’elle approuverait une éventuelle "action" de la communauté internationale si l’usage d’armes chimiques était confirmé, tandis que l’Arabie saoudite exhortait le Conseil de sécurité à agir face aux "massacres effroyables" commis selon elle par Damas.

Lundi, de hauts responsables militaires de pays occidentaux et de la région ont entamé une réunion de deux jours en Jordanie pour discuter "des scénarios" possibles après les "dangereux développements" en Syrie, selon Amman. Y participe notamment le général Martin Dempsey, chef d’état-major inter-armées américain. Une délégation de hauts responsables israéliens a également été reçue lundi à la Maison Blanche pour y discuter de la Syrie. Israël a déjà mené des raids aériens contre Damas visant des stocks présumés d’armes chimiques.

(Avec AFP)

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